Waly Dia : "Je ne lutte pas. Je fais rire ceux qui luttent"
L’humoriste sera au W:Halll le 10 décembre avec "Ensemble ou rien".
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- Publié le 29-11-2021 à 12h35
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Répétitions, marathons promo, représentations, tournées… Après des mois de léthargie imposés par la crise du Covid, la vie culturelle reprend peu à peu ses droits. Et les agendas des artistes se remplissent désormais toujours un peu plus, charriant leur lot d'inévitables imprévus et couacs. Comme ce mardi midi où l'humoriste français et chroniqueur (sur France Inter) Waly Dia, en promotion à Bruxelles pour son nouveau spectacle Ensemble ou rien, a été contraint de décaler ses interviews. "Ce n'est pas parce que mon train était en retard. C'est parce que je suis un idiot et que je me suis trompé d'horaire", s'excuse-t-il en éclatant de rire.
Être papa : une autre vision du monde
Repéré en 2011-2012 dans l'émission de divertissement On n'demande qu'à en rire de Laurent Ruquier, Waly Dia rejoint, dans la foulée, la troupe du Jamel Comedy Club, avant de créer à Paris son premier spectacle Garde la pêche !, produit par l'humoriste et acteur Jamel Debouzze. "À la base, j'écrivais sans fil rouge sur des thèmes d'actualité ou qui me parlaient. Mais, à la fin de mon premier spectacle, je suis devenu papa d'une petite fille. Et ça a chamboulé ma vision du monde, raconte Waly Dia. Quand on a un enfant, on ne peut plus faire semblant de ne pas voir les aspects les plus sombres du monde. Je me suis rendu compte qu'il y avait une entreprise de division assez forte qui ralentissait tout progrès humain. Donc, je me suis dit qu'œuvrer dans l'autre sens, c'est-à-dire refaire corps, retrouver une conscience collective, pourrait être mon cheval de bataille."
Son deuxième show, il l'a donc échafaudé en convoquant "chaque thème de division" : le féminisme, la xénophobie, l'homophobie, l'écologie, etc. "Il y a, selon moi, malheureusement, un contre-discours à tenir parce que j'avais l'impression de tenir des discours de Miss France, un peu plats. Je l'ai fait égoïstement pour moi et ma fille, mais je pense que cela peut profiter à tous." Ce ton libre, engagé, politique aussi, Waly Dia l'assume et le revendique pleinement. "J'ai écrit mon premier spectacle à 23-24 ans. Aujourd'hui, j'en ai 32. Je n'ai pas la même vision. Je n'ai pas traversé les mêmes épreuves. C'est là que l'exercice d'écriture devient intéressant, assure-t-il. J'ai besoin de mettre mes convictions sur la table et de les mettre à l'épreuve, parce que, pour les rendre drôles, il faut qu'elles soient cohérentes, sinon ça ne marche pas. Passer ces dissonances cognitives, ces discours par le filtre de l'humour, de l'absurde me semble un bon traitement [pour les déconstruire]."
"Je remarque des injustices"
Waly Dia ne mâche pas ses mots : "Ces sujets ont été confisqués par les politiciens, comme si eux seuls pouvaient traiter ces problèmes et leur apporter une solution. Or, il faut pouvoir les mettre face à leurs contradictions. Leurs discours sont complètement vides et ne vont que dans le sens des populations les plus aisées. C'est tout cela que j'essaie de mettre en lumière par mon humour."
S'il affirme ne pas être dans la colère, il pose, en tout cas, "un constat". Né à Grenoble en 1988 d'une mère française et d'un père sénégalais, "je remarque, depuis l'enfance, des injustices, qui me concernent ou concernent mes proches et l'environnement dans lequel j'ai grandi". "Quand on est jeune, on ressent ces injustices, mais on ne comprend pas d'où elles viennent. On pense que c'est un coup du sort, poursuit l'humoriste. Mais, à un moment donné, on réalise que c'est un système qui est mis en place et qu'il y a une volonté politique de laisser des citoyens sur le carreau."
"Évidemment, précise-t-il, tout n'est pas de la faute du politique, mais une grande partie, oui. Le seul pouvoir que j'ai, c'est de pointer ça et de faire passer le message auprès des gens pour qu'ils en soient conscients. Et, s'ils le sont déjà, que ça puisse leur permettre de savoir qu'ils ne sont pas seuls, pas minoritaires. Souvent, je dis que je ne lutte pas, mais que je fais rire ceux qui luttent. Ensemble ou rien, c'est cette conscience collective-là."
"Ensemble ou rien", le 10 décembre à 20 h 30 au W:Halll. Infos et rés. au 02.435.59.99 ou sur www.whalll.be Retrouvez la chronique hebdomadaire de Waly Dia sur France Inter dans l’émission "Par Jupiter" de Charline Vanhoenacker et Alex Vizorek.