“Loop Affect”, des boucles dans la brume
Louise Baduel installe en direct un monde de souvenirs et de sensations.
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- Publié le 01-12-2021 à 17h38
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Un grand-père imposant, une fillette en jupe à carreaux et petites bottes, un chalet à la montagne, un col où "le vent et la pluie redoublent d'intensité"… Ces images d'abord suggérées par un texte projeté vont en partie prendre corps, jusqu'à ce que la boucle se referme. Car la boucle est bien le motif premier qu'a décidé d'embrasser Louise Baduel dans Loop Affect.
Cofondatrice de la compagnie System Failure (avec System Failure en 2013, Human Decision en 2015, Initial Anomaly en 2019, autant de spectacles questionnant les liens de l'humain à la machine), la chorégraphe et danseuse porte ici son propre projet, pour un solo bien entouré, dont elle souligne d'ailleurs la dimension collective.
Ludique, atmosphérique, nostalgique
Forgé en un univers ludique, atmosphérique, construit en direct sur le plateau, Loop Affect allie, dite-elle, ses propres souvenirs aux "compétences, expériences, exigences, réflexions, obsessions et névroses" des membres de l'équipe, qui ont repris, transformé, relié ces éléments.
L’architecte Donatien de le Court signe la scénographie évolutive, où des bâches s’érigent en sommets enneigés, sous les lumières de Meri Ekola. Sébastien Fayard pose ses mots et leur rythme sur ces ambiances. La boucle est aussi musicale, avec la composition électro de Marc Melià, sur laquelle Louise Baduel va articuler, analyser, décomposer et recomposer sa danse, compter et recompter les pas comme jadis les secondes nécessaires à archiver les innombrables diapositives de ce grand-père fan des sommets et des vallées.
Des éléments épars, un paysage émerge, avec ses orages, ses nappes de brume, ses bourrasques, son crachin entêtant. Dispositif inventif et propos touchant nourrissent cet objet qui, pour autant, ne réussit pas toujours à transcender la somme des pièces du meccano qui le constituent.
En parallèle, à Tournai
Le 30 novembre marquait aussi la première, à la Maison de la culture de Tournai, d'Alzheimer Project d'Angèle Baux Godard. Travail d'équipe et solo scénique là aussi, où la comédienne évoque Ma Mich, grand-mère adorée, dont la maladie a démantelé le langage intelligible au profit d'une logorrhée indistincte où pourtant s'entendent encore intonations, rythmes, émotions.
Également sensible et scandée de répétitions et boucles, la création de la Cie Fact mise en scène par Clément Goethals cherche elle aussi encore la juste distance entre un sujet à fleur du cœur de la personne qui le porte et le public auquel elle l'adresse. Une affaire de dosage et d'acuité, dont ne manquent les créatrices ni d'Alzheimer Project ni de Loop Affect.
- "Loop Affect": Bruxelles, Brigittines (salle Mezzo), jusqu'au 4 décembre – 02.213.86.10 – www.brigittines.be
- Soirée composée possible avec "Closing Party" de Wooshing Machine du 2 au 4 décembre.
- "Alzheimer Project" encore le 1er décembre à la Maison de la culture de Tournai. Et en février à Archipel 19, Centre culturel de Berchem-Sainte-Agathe.