"Stand by" : ce qui se fige et ce qui bouge dans le couple

Thi-mai Nguyen et Mehdi Baki sondent le lien et l’intime à travers corps. Création à la Balsamine.

"Stand by" : ce qui se fige et ce qui bouge dans le couple
©Hichem Dahes

Le masculin-féminin qu'abordait Thi-mai Nguyen en filigrane dans son solo Prémisse – présenté début février au Marni dans le D Festival –, est à nouveau l'une des matières premiéres de sa toute nouvelle création. Matière aussi évidente qu'implicite, dans le duo formé ici avec Mehdi Baki.

Stand by (comme "marquer une pause" mais aussi "se tenir aux côtés de") commence sur un grand lit carré où s'entremêlent deux corps. Membres enchevêtrés et lourds appuis sur draps froissés. Un sommeil agité et profond, amoureux, conjugal, qui pourrait tout aussi bien être intra-utérin. Car, indique la chorégraphe, "mes deux personnages traversent corporellement toute leur vie : de l'embryon jusqu'au retour à la poussière".

Le lit, élément ô combien pictural – et d’ailleurs déjà présent dans sa pièce précédente –, est ici également outil dramaturgique : territoire de jeu et gouffre, socle, matrice, bateau, refuge…

La vibration du détail

Construit par Ralf Nonn, le décor de Stand by évolue au gré des lumières de Rémy Urbain et des reliefs sonores sculptés par Antoine Delagoutte. Une paroi translucide fera office tantôt de coulisse, tantôt de révélateur/transformateur, voire de caisse de résonance aux échanges mouvementés du couple rejoint par des enfants autant figurants que partenaires de jeu (Vera Fonteyne, Rita Hubert-Lopez, Iago Vandekeybus et Lotta Van Tomme se relaient sur le plateau).

"Stand by" : ce qui se fige et ce qui bouge dans le couple
©Hichem Dahes

"Être fille puis femme et mère est une aventure, une bataille, une inspiration brute", souligne Thi-mai Nguyen à propos de cette création dont la gestation aura duré près de quatre ans.

Révélé à la Balsa, le résultat de ce long processus (soutenu entre autres par le Marni et la Cie Ultima Vez) donne à voir – mieux: à sentir – ce qui se fige et ce qui bouge dans le couple, loin de tout cliché théâtral.

S'il peut s'agir de se fondre dans une entité duelle, le propos de Stand by convoque l'intimité comme espace personnel autant que facteur de lien. Souple et puissant, le corps y est à la fois le véhicule et le "voyage à travers sa propre matière", y compris toutes les couches déposées en lui par les générations qui l'ont précédé, et toutes les traces qu'il laissera aux suivantes.

"Je veux que le détail vibre", dit de son travail Thi-mai Nguyen. Une sorte de credo qui trouve sa confirmation dans le frémissement qui parcourt le public lorsque le noir se fait au terme du spectacle : vibration il y a bien eu, trouvant à se nicher et ricocher en chaque personne qui la reçoit.

  • Bruxelles, Balsamine, jusqu'au 12 mars, à 20h30. Dans le cadre de Brussels, dance! Focus on contemporary dance. Infos, rés. : 02.735.64.68 – www.balsamine.be
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