La Tak Tik des jeunes au festival du National
Par et pour les jeunes, le festival Tak Tik envahit le théâtre à tous les étages. Forums, performances, ateliers… Rencontre.
Publié le 20-06-2022 à 07h43 - Mis à jour le 20-06-2022 à 13h48
Des jeunes à tous les étages, le Théâtre National sens dessus dessous, les gradins rangés au placard et une trentaine d’ateliers, animations, rencontres, spectacles au menu avec en point d’orgue, Luv Resval et Chilla en concert, Tak Tik, en embuscade depuis les confinements, sort du bois et va réveiller les consciences.
Ce festival, organisé par et pour les jeunes, est coproduit par Bruxelles Laïque et par le Théâtre National qui met ses locaux, ses équipes et son savoir-faire au service du Comité J pour que la jeunesse et ses revendications vibrent de haut en bas mais aussi de bas et haut et de part en part tant le désir émis par les organisateurs est de tendre vers plus d’égalité, d’écoute et de circulation de la parole. Participatif, culturel, politique et citoyen à destination des 13-17 ans, Tak Tik, qui aurait dû voir le jour durant la saison 20/21 puis en février 2022, va enfin connaître sa première édition.
Tout a commencé par la création de la Fabrik Tak Tik et du Comité J, suivis d’événements réunis sous le label Fabrik Tak Tik, à l’image du JT2050 réalisé par Fabrice Murgia et plusieurs classes d’adolescents pendant le confinement.
Du skate aux viols
Un travail de longue haleine, donc, qui s'apprête à éclore pour s'interroger sur l'école de demain lors d'un débat où participeront plusieurs personnalités, politiques ou non, dont la ministre de l'Enseignement, Caroline Désir (PS). Mais aussi, pour apprendre à réparer son téléphone, rencontrer Maïté Meeus, créatrice du compte Instagram @Balance_ton_bar qui s'élève contre les agressions sexuelles, pour s'initier au skate, assister aux chroniques de l'algorithme - prolongation du JT2050 - ou à une représentation de La Bombe humaine d'Éline Schumacher et Vincent Hennebicq qui questionne le dérèglement climatique. Entre autres…
Entre deux examens ou un abandon du parcours scolaire, cheveux au vent, Chaymae Moulathoum, Doha Jaadi et Lena Laermann, "chaudes, chaudes comme le climat", brûlent d'aborder quatre thématiques qui leur tiennent à cœur, et viennent nous en parler. Parmi elles, le dérèglement climatique, qui les inquiète mais pour lequel elles ne peuvent pas manifester, comme s'en insurge, Chaymae, sous peine d'être accusées de sécher les cours, alors que les professeurs peuvent y aller. Ces professeurs qui, à les entendre, se permettent des comportements, et surtout des tenues, interdits aux élèves par le règlement d'ordre intérieur (ROI) qu'elles espèrent changer.
"Devant certaines écoles, il y a quelqu'un qui surveille les tenues vestimentaires et qui renvoie les élèves chez eux s'ils portent un short, des bretelles, des jeans troués etc. À 12 ans, chaque matin, on se fait juger par un homme. L'école, c'est le moment où on créée notre caractère. Le style, c'est une manière de nous exprimer. Vous n'avez qu'à éduquer vos fils." déclare Lena.
Autre sujet très important aux yeux des trois mousquetaires, le PMS qui semble incarner l'absurdité kafkaïenne. "On veut créer un syndicat d'élèves, explique Chaymae. Les PMS sont en sous-effectif, ils devraient normalement y en avoir dans chaque école. On ne sait pas à qui s'adresser. Il faut apporter des solutions." "Ce serait un endroit neutre, chill pour les élèves, un espace pour parler du vivre-ensemble" rêve Lena.
Reste également la question des droits. "On a des droits, mais on n'est pas informés. On suit le système scolaire aveuglément. Il faudrait prévoir un cours sur nos droits. Et d'autres choses utiles comme le Code de la route, la manière de rédiger un CV, de remplir un formulaire, etc. Quand on sort de l'école, on est perdus face à tout cela." nous dit Chaymae. L'architecture des écoles, construites comme des prisons avec leurs grilles et leurs grands murs serait à revoir également. Autant de sujets déjà longuement débattus par le Comité J qui se réunit régulièrement malgré le temps qu'une telle mobilisation exige. "C'est vrai, mais on oublie nos heures, on sacrifie nos samedis, mais on les passe avec des gens avec qui on s'entend et par qui on n'est pas jugés." conclut Doha.
Bruxelles, au Théâtre National, les 25 et 26 juin. Infos. Www. taktikfestival.be