Les visions vénéneuses de Mossoux-Bonté
Aux Martyrs, focus en deux spectacles sur la compagnie fondée il y a 37 ans, et toujours source de surprises sensibles.
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Publié le 14-12-2022 à 19h28
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Les vœux de joyeux anniversaire récemment ont déferlé sur Nicole Mossoux et Patrick Bonté. Le 10 décembre en effet marquait 37 années de collaboration et de complicité artistique entre la danseuse et chorégraphe et le dramaturge, philosophe et metteur en scène qui, depuis 1985, imaginent ensemble des univers où le nôtre peut déposer ses doutes, ses peurs, ses émerveillements, ses fantasmes.
Si les pièces estampillées Mossoux-Bonté sont alternativement lancées par elle ou lui, l’autre et l’ensemble de l’équipe artistique soutiennent ensuite le processus de création, notamment par l’improvisation qui permet de toucher une sorte de “vérité de scène”. “On part toujours d’une problématique, d’un désir d’aborder un sujet, d’intentions qui se développent par le mouvement, le geste, la présence, l’attitude”, indique Patrick Bonté.
La tyrannie des apparences
Traitant de l’être et du paraître, Histoire de l’imposture est né, précise-t-il, “de notre saisissement devant le triomphe actuel des apparences et du mensonge, le travestissement des valeurs et des idées, les paroles masquant l’inertie des actes…” C’était en 2013, déjà.
Par-delà la lecture “politique” qu’on peut en faire aujourd’hui encore et plus que jamais, le spectacle – avec ses cinq personnages oscillant entre look “executive” et atours Renaissance – met également en perspective l’ordre social, voire les conventions théâtrales.
Passions et pulsions
Il est à nouveau question de jeux de rôles dans A Taste of Poison (2017), et c’est également un quintet qui, en blouses expertes, mène ici une série de tests et d’expérimentations sur nos comportements contemporains.
Passions et pulsions, perversions et addictions sont à la fois observées et appliquées, dans un jeu teinté de férocité, un alambic où se distille le venin des interactions biaisées.
On pourrait lire dans cette pièce très résolument à l’intersection de la danse et du théâtre les moteurs premiers de la Cie Mossoux-Bonté, ce “va-et-vient où l’imprévu des matières inconscientes soudain se met en forme”. C’est là, pointe Nicole Mossoux, “qu’on utilise le mot “juste”. Drôle de mot d’ailleurs, alors qu’on revendique le trouble”. Le tout avec un sens aigu du décalage autant que de la précision – ingrédient indispensable, selon Patrick Bonté, “pour que l’émotion atteigne le public”.
- Bruxelles, Théâtre des Martyrs: “Histoire de l’imposture”, du 15 au 17 décembre ; “A Taste of Poison”, du 20 au 22 décembre. Infos, rés.: 02.223.32.08 – www.theatre-martyrs.be
- À noter: le récent “Les Arrière-Mondes” (2021), qui continuera de tourner sur les scènes en 2023, a fait l’objet d’une captation désormais accessible sur plate-forme Auvio.