Ce théâtre d’objets qui parle tant aux enfants
Le TOM festival, comme théâtre d’objets et de matières, les attend au Centre culturel d’Uccle avec trois spectacles triés sur la table.
Publié le 27-01-2023 à 12h23 - Mis à jour le 27-01-2023 à 18h46
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En plein essor depuis plusieurs années, et pourtant toujours méconnu, le théâtre d’objets et de marionnettes jouit d’un puissant pouvoir évocateur. Patinés, recyclés, dénichés au marché aux puces ou sur une brocante, l’Indien en plastique, le camion de pompier, le vieux moulin à café, l’éventail ou l’ours en peluche râpé racontent déjà une histoire. Et proposent une autre approche du récit. Celle du bricolage professionnalisé, de l’artisanat de haut vol, d’une certaine posture face à notre société de consommation. Souvent petits, les objets, sur la table, prennent aisément le pouvoir.
La marionnette, elle, résolument contemporaine, contrairement aux idées reçues, se décline sous toutes les formes. À gaine, à tige, à fil, de bois, de papier mâché, en polystyrène ou autre matériau qui fera l’affaire, souvent manipulée à vue, elle prend aisément vie, toute en complicité avec le marionnettiste, qui parvient bien vite à se faire oublier au profit de cet être doté d’une réelle personnalité.
De Charleville-Mézières, festival mondial des théâtres de marionnettes au festival Maboule à Genappe, on ne compte plus les rendez-vous du genre. Auxquels il convient d’ajouter désormais le TOM festival (Théâtre d’objet et de matières) organisé pour la deuxième fois déjà au Centre culturel d’Uccle auquel le nouveau directeur, Tristan Bourbouze, a donné un sacré coup de fouet. “Je souhaite montrer l’illusion en train de se faire, la fabrication de la représentation, changer les codes du spectacle. On part des objets du quotidien et on produit une image en les mettant en scène. On n’est donc pas tout à fait dupe de l’illusion, on voit le spectacle surgir depuis ses moyens d’expression. Le théâtre d’objets est séduisant pour cela. On voit l’image et la métaimage. C’est comme une boîte à outils pour voir le spectacle autrement et un moyen d’aiguiser le regard, de réenchanter notre quotidien, de montrer que n’importe quoi peut servir à faire le spectacle. Il y a une porosité entre le monde réel quotidien et de l’imaginaire. Ce théâtre nous regarde aussi en tant qu’adulte.” nous dit-il.
L’événement, qui s’adresse aux enfants comme aux adolescents se tiendra de 29 janvier au 5 février, avec trois belles propositions.
La mort d’une mère
À commencer par le bouleversant Sam et les Zwartvogels. Ce récit dissonant, fragmenté et chaotique de la talentueuse Audrey Dero, de la Pudding ASBL, aborde avec sa patte flamande, sans concession, ni bavardage, le sommet de l’inacceptable pour un enfant, la mort de sa mère.
Un de ces drames pour lesquels, même au théâtre, on ne trouve plus les mots. Alors on se bricole un monde, une table de régie, un rétroprojecteur et un cahier d’écolier sur lequel on colle quelques languettes de couleur pour raconter en mode surréaliste cette maman qui danse et qui s’envole, qui a des plumes, des ailes et qui, tout à coup, tombe entre les lignes du papier quadrillé, ou sur scène, en chair, en os et en robe, avec la cheville qui vacille et faillit entre deux pas de danse. Les larmes de papier bleu de Sam débordent alors de la page et s’étalent sur scène. Avant de trouver refuge dans le motel à insectes ou de retrousser ses manches sur le ring, protégé d’indispensables coussins, face à l’inimaginable : “Et si tout à coup maman n’existait plus ? “Il y aura des larmes, mais aussi des rires, des plumes, des envols et une vie à vivre… À ne pas manquer. D’autant que la représentation du dimanche sera suivie de l’usine à bobos, un atelier de collages. (Dès 6 ans)
Suivra, les 1er et 2 février, La méthode du Dr Spongiak par Théodora Ramaekers et Sabine Durand.
On se souvient de l’arrivée fracassante de la Moquette diffusion ASBL en théâtre jeune public avec le coriace Mange tes ronces !.

Cette fois, la compagnie a imaginé un Dr Spongiak, inventeur réputé pour ses remèdes qui poussent les rejetons capricieux dans le chemin fleurissant de l’âge de raison. L’exquise Louise ayant le génie de la sottise, elle risque clairement d’y être envoyée en consultation. D’autant qu’une soirée presque royale l’attend. Une fiction présentée comme loufoque, sous forme de cinéma artisanal, du théâtre d’ombres, en réalité, pour une aventure intime et familiale, qui raconte les différents épisodes de l’enfance.
Enfin, les Petites Géométries de Justine Macadoux et Coralie Maniez, un spectacle pour enfants dès 3 ans, montre toute la complexité des relations humaines, à géométrie variable. Une histoire racontée à l’aide de micros intégrés et de trouvailles sonores, entre jeu masqué et théâtre d’objets.
Bruxelles, du 29 janvier au 5 février au Centre culturel d’Uccle.reservation@ccu.be ou au 02 374 64 84