Quand les enfants étaient envoyés chez le redoutable Dr Spongiak
Insolente, nostalgique et raffinée, la nouvelle création en théâtre d’ombres de Moquette Production rappelle les films de Lotte Reiniger.
Publié le 31-01-2023 à 18h12 - Mis à jour le 01-02-2023 à 11h44
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Tout en ombres, rétroprojections, bruitages et délicate nostalgie, La méthode du Docteur Spongiak, mise en scène par Sabine Durand, questionne l’éducation imposée aux enfants des années 30 et rappelle, en filigrane, les films de la réalisatrice allemande Lotte Reiniger. Dans cette nouvelle création aux parfums d’antan, élégante, souriante et ingénieuse, imaginée par Théodora Ramaekers, la radio grésille souvent au rythme des premières publicités et grâce à la voix volontairement nasillarde de Vincent Huertas, qui, sur scène, donne la réplique à Théodora Ramaekers.
Pendant ce temps, Loïse, 7 ans, n’atteint pas l’âge de raison. Elle a, en revanche, le génie de la sottise et se montre joyeusement impertinente. Ses parents veulent l’envoyer chez le Docteur Spongiak qui, détecteur de mensonges à l’appui, sait y faire avec ces intrépides.
Imprévisible Loïse
C’est que la soirée de ce 18 mai 1930 s’annonce… royale. La visite du souverain est attendue dans le salon bourgeois de la famille Flamellebeek, l’une des rares à posséder un frigidaire et à décorer son intérieur de manière contemporaine. Seule fausse note au tableau, l’imprévisible Loïse, susceptible de tirer la langue ou de déraper à tout moment avec ce franc-parler qui la caractérise.
À l’image de notre chère voisine, Pauline, l’une de 180 élèves qui assistaient, en ce lundi après-midi de janvier, à la représentation de la nouvelle création de Moquette Production, au Centre culturel d’Ottignies, qui accueille chaque année environ onze mille enfants !
”Avec mes parents, je vais au cinéma, mais jamais au théâtre”, nous confirme Pauline, notre charmante voisine, sept ans au compteur, aussi appelée “Moulin à paroles” dans sa famille. “C’est la troisième fois que je viens avec l’école et j’aime bien le théâtre, car je trouve que c’est plus 'artitsique'. Ce mot-là, je ne sais pas bien le dire à cause de mon appareil… 'L’artitsique', c’est un peu comme de la passion. Et pour la passion, il faut prendre son temps. Comme pour le dessin. L’art, cela ne va pas avec le calcul ou le français. C’est à part. Il ne faut pas le prendre comme un jouet”. Aussi rivée à son fauteuil rouge que notre voisine de droite est agitée, Pauline, comme la plupart des autres élèves, ne perd pas une miette du spectacle qui se fabrique sous ses yeux.
Derrière trois loupiotes, trois rétroprojecteurs permettent de manipuler en live les marionnettes en ombres, figurines de papier noir et blanc, sur le grand écran pendant que Hervé De Brouwer assure les bruitages à l’aide de sa guitare, de ses cymbales, de sa guimbarde ou de sa clarinette, mais aussi tout simplement de la voix ou d’une crécelle. Autant de précieux outils pour nous raconter une vraie histoire, savoureuse de bout en bout.
”J’ai bien aimé la pièce, cette petite fille… Ses parents sont injustes. J’aime bien parce que cela parle du passé et j’aime bien l’ancien temps parce que cela raconte quelque chose qui s’est déjà passé mais on n’était pas là.” conclut notre voisine, qui a décidément tout compris.
Bruxelles, La méthode du Dr Spongiak, au CCU- Centre culturel d’Uccle, les 2 et 3 février. reservation@ccu.be ou au 02 374 64 84 ; au Festival de marionnettes de La Hulpe – Maison communale, le 11/2, à la Salle Mercelis à Ixelles, le 12/2 ; au Centre culturel d’Andenne, le 22 février. Plus d’infos : www.moquetteprod.be