Bande d’ados au bord de la mer et de la crise de nerfs
Avec “La Bande sur la lande”, Nelly Latour signe une première création à la fois portée et desservie par son intensité. Au Studio Varia.
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Publié le 02-02-2023 à 15h02
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Ambleteuse, sur la Côte d'opale. Son fort, ses dunes, son embouchure de la Slack, son vent frais même l’été, sa parade du 14 juillet. L’impasse aussi que peut sembler cette bourgade du Nord pour la jeunesse et ses idéaux...
Le jour de la Fête nationale, la fanfare était de sortie. Quand soudain, une action imprévue a tout fait basculer. Eddy s’est emparé de l’arme d’un haut gradé. A ressenti le poids de l’objet, l’axe du corps qui pivote, la puissance face à la foule, une sorte d’ivresse. Et puis ce fut la fuite, vers la Slack, dans “ce bunker qui n’en est pas un”. Une salle des fêtes jadis ensablée, vestige jamais remis au jour d’un passé joyeusement ambitieux. Eddy (Baptiste Leclere) et Édith (Valentine Bellone), sa sœur jumelle, y ont trouvé refuge, en compagnie de Céleste (Anaïs Aouat), participante à la parade et embrasée par ce geste d’autant plus audacieux que c’est à son père que l’arme fut dérobée. À trois, on commence à être une bande…
Flash-back et fuite en avant
Orage et pluie donnent le ton, tout comme tambour, grosse caisse et tuba, dans un espace à la fois soigneusement défini et aux contours flous. Récit en forme de flash-back mais aussi de fuite en avant, La Bande sur la lande fait du huis clos adolescent le creuset d’une société en devenir, en questionnement, d’identités en gestation, de séductions embryonnaires, d’élans impératifs et de doute compulsif.
Pour cette première mise en scène, Nelly Latour peut compter sur des partenaires à l’enthousiasme teinté de rigueur. Outre la distribution – avec aussi Yohann Bourgeois campant Gary, le quatrième de la bande – il y a la Boris Dambly à la scénographie, Lou Van Egmond à la création lumière, Romain Pigneul à la création sonore (et dans le rôle de l’Amiral naufragé qui réapparaît), Lauryn Turquin à l’assistanat à la mise en scène, ainsi que Dolça Mayol aux costumes – ces tenues d’apparat, à brandebourgs et épaulettes, qui évitent le cliché ado puis peu à peu se transforment.
Le ciel, la dune, et nous!
Pour dépeindre cet univers empreint de matérialité autant que de fantasme, l’écriture, organique et tonique, intègre le langage des corps et celui de la musique – des marches de défilé aux volutes plus déliées et jazzy de l’apprentissage et de l’appropriation du répertoire.
La marge, le désir, le rejet: à la merci des éléments dans cet endroit improbable où la nature a repris ses droits, la bande se mesure à ses propres horizons. Indissociable de l’adolescence, l’intensité se retrouve dans le fond comme dans la forme de La Bande sur la lande. Cris et longueurs s’invitent dans le spectacle dont les excès constituent à la fois la matrice et la limite. Et où s’esquisse un style, où se font entendre des voix à suivre assurément.
- Bruxelles, Studio Varia, jusqu’au 11 février – 02.640.35.50 – www.varia.be
- Et du 14 au 18 février aux Abattoirs de Bomel à Namur – 081.226.026 – www.tccnamur.be