Inno JP, le “Bounty” du Béwé à consommer sans modération
Avec “Inno JP : True Story”, l’humoriste Inno JP érige son histoire atypique en un excellent spectacle, bien ficelé et de franche rigolade. Au Théâtre de la Toison d’Or (TTO) jusqu’au 4 mars.
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Publié le 03-02-2023 à 14h49
Il est des parcours de vie improbables dont on se dit qu’ils feraient un excellent roman, voire un film trépidant. Et bien Inno JP a, lui, fait de son “histoire assez fascinante”… un spectacle d’humour, Inno JP : True Story, dont on ne peut que vous encourager à foncer le voir. Où ? Au Théâtre de la Toison d’Or (TTO), pardi !, cette même (grande) salle qui a déjà accueilli Laurence Bibot, Alex Vizorek, Guillermo Guiz, Dena, etc. Et ce, jusqu’au 4 mars.
Présentons d’abord notre homme. Inno JP, c’est Inno pour Innocent – le prénom qu’il a reçu à sa naissance, en 1983, à Kigali, au Rwanda – et JP, c’est pour Jean-Paul –, le prénom que ses deux mamans belges retraitées, Hélène et Josée, lui ont donné lorsqu’elles l’ont adopté un an plus tard. “Je suis le Barack Obama du gazon maudit”, se définit-il, avec fierté et tendresse. Une fierté derrière laquelle se cache aussi une réalité, celle du racisme ordinaire – qu’il dénonce avec aplomb, mais sans méchanceté –, qui lui a collé et lui colle toujours à la peau. À commencer par son prénom, JP, “un prénom d’expulsant sur un visage d’expulsé”.
Petit, j'avais vraiment la gueule des enfants sur le calendrier Unicef..., mais sans les mouches."
Ajoutons qu’il a grandi dans le Béwé (le Brabant wallon), à La Hulpe plus précisément, où “j’étais mon seul ami noir”. Et lorsque des connaissances venaient leur rendre visite à la maison, il avait droit à “Oh ! Le petit Africain”. “Petit, j’avais vraiment la gueule des enfants sur le calendrier Unicef…, mais sans les mouches”, lâche-t-il, intraitable. Élevé dans ce milieu privilégié très monochrome, Inno P se sent depuis toujours comme un “Bounty”, noir à l’extérieur, mais blanc à l’intérieur.
Qualité d’écriture et fluidité d’interprétation
À son histoire personnelle atypique, qui forme le cœur de son spectacle, Inno JP vient greffer, avec une qualité d’écriture et une fluidité d’interprétation, une nuée de thématiques, plus amusantes et désopilantes les unes que les autres. On apprend ainsi qu’il est maître dans l’art de la procrastination ; que petit, il se rêvait en imitateur de Michael Jackson ; qu’il est un “daltonien du temps”, car il manque cruellement de ponctualité ; qu’il déteste les chats, “ces pervers narcissiques poilus” ; qu’il ne boit plus que de l’eau et des softs – avant, il avait “l’alcool partageur” : “tu te saoules et tu saoules les autres” – ou encore qu’à 39 ans, il est dans “une phase de flasquification” : “je vais finir par avoir un cul de blanc, un cul concave”.
"À 39 ans, je suis dans une phase de flasquification : je vais finir par avoir un cul de blanc, un cul concave."
Si Inno JP s’est longtemps imaginé en grand “écrivain prétendant au Goncourt”, on peut assurer que ce premier spectacle tire sa force non seulement de ses vannes bien amenées et bien ficelées (et qui ne surfent ni sur le trash, ni le vulgaire), mais aussi de sa plume, aiguisée, au style tenu mais jamais surfait. Étoile montante du stand-up, ce “Bounty” du Béwé est à consommer sans modération.
-- > Bruxelles, TTO, jusqu’au 4 mars. Infos et rés. au 02.510.05.10 ou sur www.ttotheatre.be