“Ici je lègue ce qui ne m’appartient pas”: la “chambre à soi” d’Habib Ben Tanfous
Par le corps et la voix, se réappartenir, devenir qui l’on est. Création au 210.
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Publié le 06-02-2023 à 14h12
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Que définissent, construisent, brouillent, empesantissent, apaisent nos héritages? La création du chorégraphe, danseur et acteur Habib Ben Tanfous explore ces questions sans y répondre explicitement.
Mûri au fil de recherches nombreuses et de résidences successives, Ici je lègue ce qui ne m’appartient pas a vu le jour sur la pente douce du plateau de l’Atelier 210. Un plateau nu ou presque, au bord duquel un homme est posé, tel l’observateur de l’étoffe dont il est fait lui-même.
Archives familiales et anecdotes personnelles innervent ce solo dont l’auteur et interprète n’est assurément pas seul. Car les générations antérieures l’accompagnent d’entrée de jeu, sans oublier celle d’après, joliment évoquée au bout de ces cinquante minutes sobrement mais intensément habitées.
“L’amoureux, le bien-aimé”
Pas seul non plus, car une telle création se construit à plusieurs. Adeline Rosenstein à la dramaturgie, Theo Rota à la création sonore, Amandine Laval aux costumes, Aurore Leduc à la scénographie et aux lumières, Mercedes Dassy au regard chorégraphique, Elisa Firouzfar à la collaboration artistique. Entre autres.
Sans oublier son nom à lui, projeté, décortiqué. Ce prénom qui veut dire “l’amoureux”, mais aussi “le bien-aimé”; les Habib célèbres…
En pantalon bleu et le torse nu, la barbe taillée et les cheveux drus, les mains baguées, c’est dans la lumière économe d’un petit immeuble qu’il épouse le sol.
Gagnant la verticale, il devient corps-écran, au propre comme au figuré. Car un corps, son corps, est par définition le réceptacle des projections. De la carte d’identité d’un arrière-grand-père homonyme à l’exotisation d’une peau, aux complexes d’une silhouette.
La simple puissance du corps en scène
Fait de discours, d’interrogations, le spectacle s’articule surtout autour d’une présence. Être au monde, porter ce qui nous forge, habiter une lignée, des lieux, se définir au quotidien, accueillir la complexité qui nous compose. Et transmettre…
Je marche, j’écoute, je regarde
Avec pour artifices quelques boîtes-maisons, des lumières subtiles, des archives sonores ranimées par son souffle dans un micro, avec surtout la simple puissance de son corps en scène et de sa voix modulée entre parole et chant, Habib Ben Tanfous donne en quelque sorte sa version du lieu ou de la chambre à soi : ce corps unique, singulier, au cœur duquel reposent nos racines, vibrent nos désirs, et fermentent nos expériences.
- Bruxelles, Atelier 210, jusqu’au 11 février – 02.732.25.98 – www.atelier210.be
- “Ici je lègue ce qui ne m’appartient pas” sera également au Varia du 7 au 9 juin – 02.640.35.50 – www.varia.be