Des pattes frêles du girafon à la visite d’un frère et une sœur à leur mère en prison
Stéphanie Blanchoud et Laurent Capelluto, sous l’œil de Diane Fourdrignier, pour une création au Rideau dès le 14 février.
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Publié le 07-02-2023 à 17h06 - Mis à jour le 07-02-2023 à 17h51
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Née d’une contrainte – posée par l’autrice et dramaturge Véronique Olmi : un texte de théâtre de 45 minutes au maximum, autour du thème de “Crime et châtiment” –, la pièce écrite par Stéphanie Blanchoud a évolué depuis cette origine, en 2015.
Ces 45 minutes sont restées en guise de matrice : le temps entre la naissance du girafon et le moment où il se dresse sur ses pattes. Mais aussi la durée réglementaire d’une visite en prison.
Double huis clos
Construit comme un double huis clos, Le temps qu’il faut à un bébé girafe pour se tenir de bout a pour colonne vertébrale la relation à la mère. “Et s’articulent autour de ça la quête de vérité face à ce drame familial, les souvenirs qui jaillissent depuis ceux de l’enfance, l’impuissance souterraine face à ce qui ne se dit pas, et cette “violence” comme unique bagage dont on ne sait plus que faire pour s’en libérer”, explique Stéphanie Blanchoud.
Actuellement à l’affiche du film La Ligne d’Ursula Meier, face à Valeria Bruni Tedeschi, l’actrice et autrice est entourée, pour cette création théâtrale, de Laurent Capelluto (également familier des écrans, petits et grands), dans le rôle du frère, et de Diane Fourdrignier à la mise en scène.
Violence, enfance, fratrie
Cette dernière a d’abord guidé les improvisations des deux interprètes – avec la complicité du créateur sonore Dimitri de Perrot – pour explorer les grands thèmes de la pièce : “la violence, l’enfance, la fratrie, le lien qui se casse, celui qu’on ne veut pas perdre, la place qui reste, l’absence… Nous avons plongé dans les “trous” du texte, dans ce qu’ils véhiculaient comme non-dits, comme tentatives… dans ce qu’ils venaient solliciter et bousculer dans nos imaginaires. C’était comme partir dans l’univers mental de chacun des protagonistes pour pouvoir en livrer une part plus indicible. Et ensuite seulement nous leur avons redonné la parole à ce frère et cette sœur, chargés alors de tout cet “ailleurs”, développe Stéphanie Blanchoud.
La pièce est écrite comme une partition musicale. De par le rythme des phrases, de par la sonorité des mots choisis mais aussi de par le fait que la musique est omniprésente.
Comme toute création, celle-ci s’est établie par étapes, au fil d’un processus stratifié. C’est ainsi par exemple qu’au fil du travail est apparue la pertinence de décoller le récit de son pur aspect naturaliste, pour mieux laisser affleurer, voire percuter, la violence et la brutalité du propos.
Au-delà du jugement
“Et naturellement s’est posée sous nos yeux une strate supplémentaire : la nécessité pour cette sœur et ce frère de raconter cette histoire et par tous les moyens.” Leur histoire, “marquée par cette enfance traversée de violences qu’il et elle observaient de loin, devant garder le secret avec pour seul refuge un air de Vivaldi… cette histoire qui les lie à leur mère et aujourd’hui à son absence… cette histoire qui les étouffe, qui les empêche, qui les oppresse… et très probablement que la seule façon pour eux d’arriver à nous la raconter est d’y prendre du plaisir. Un plaisir viscéral et salvateur.”
C’est autour de ce qu’on nomme habituellement “fait divers” que s’articule le propos de la pièce, pointe Diane Fourdrignier, épinglant ses axes : maltraitance, liberté et détention, famille.
Le temps qu’il faut à un bébé girafe pour tenir debout apparaît à la conceptrice et metteuse en scène comme “une pièce qui explore non pas la genèse du crime, mais sa complexité. Les fils dramaturgiques se superposent à la thématique pulsante du Crime et du Châtiment et décousent tout jugement.”
Bord de scène et accompagnement
Le Rideau de Bruxelles accompagne son public à travers les thématiques abordées dans sa programmation. Outre le bord de scène avec l’équipe artistique après la représentation du 16 février, une rencontre est prévue le jeudi 23, avec Marie-Gabrielle Gillain, responsable d’activité pour la province du Brabant wallon, et Aurélie Moreau, référente détention, autour du projet Itinérance mis sur pied par la Croix-Rouge pour accompagner en visite les enfants (au nombre de 17 000 en Belgique) ayant une mère ou un père incarcéré.
- Le temps qu’il faut à un bébé girafe pour se tenir debout, au Rideau de Bruxelles, du 14 au 25 février – 02.737.16.01 – www.lerideau.brussels