“Si tout le monde se disait la vérité, il n’y aurait plus aucun couple sur terre !”
Dans “Le Mensonge”, Florian Zeller s’amuse à brouiller les pistes sur la tromperie au sein d’un couple. Qui ment ? Qui dit vrai ? Une comédie jouissive mise en scène par Rosalia Cuevas. Aux Galeries, jusqu’au 2 avril.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/773f294d-56c4-4d07-acee-8ef7063dead9.png)
Publié le 17-03-2023 à 16h26
:focal(507x347:517x337)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/DKGDD2ULQBAMLEEPEWTTCW3FTI.jpg)
Ce soir-là, Alice (Hélène Theunissen) est contrariée. Elle a une réunion importante le lendemain et, ce dîner prévu avec un couple d’amis, Laurence (Cécile Florin) et Michel (Alexis Goslain), finalement, elle préférerait l’annuler. Son mari, Paul (Patrick Ridremont), ne comprend pas trop cette volte-face. Alice finit par lâcher le morceau : plus tôt, dans l’après-midi, elle a surpris Michel en train d’embrasser une autre femme. Paul “tombe des nues”. Alice, “mal à l’aise”, n’a pas envie de mentir à son amie. Mais, pour Paul, “mieux vaut ne rien dire […] Tu la ferais souffrir inutilement”.

On sonne : trop tard, ce sont leurs amis. Tendue, Alice ne peut s’empêcher de lancer le sujet sur la tromperie au sein du couple. “Les gens n’ont pas envie de savoir la vérité”, estime Michel. “Je suis pour la délicatesse”, appuie Paul. Entendez, toute vérité n’est pas bonne à dire. La soirée achevée, Alice ne décolère pas. “Mentir, c’est une preuve d’amour, tente de la rassurer son mari. Si tout le monde se disait la vérité, il n’y aurait plus aucun couple sur terre”. Mais, pour Alice, “aimer quelqu’un, c’est être vrai, n’avoir rien à cacher”. Et de s’immiscer dans la brèche, pentue, dangereuse : “Tu ne m’as jamais trompée ?”, l’interroge-t-elle. “Je te le demande comme une preuve d’amour”…
Jeu de dupes en eaux troubles
L’histoire du Mensonge, comédie jouissive créée en 2015 par l’auteur, scénariste et réalisateur français Florian Zeller et aujourd’hui montée sur la scène des Galeries par Rosalia Cuevas, pourrait se concentrer sur ce dilemme – Alice va-t-elle, oui ou non, dévoiler à son amie Laurence que Michel la trompe ? –, mais la pièce dérive beaucoup, beaucoup plus loin. Et c’est bien cela qui est tout aussi drôle que surprenant et captivant. À mesure que l’on pense avoir rassemblé les pièces du puzzle, bam ! Au détour d’une phrase, d’une expression, Zeller jette un nouveau doute, s’amusant à ébranler les certitudes et brouiller les pistes.
Paul a-t-il vraiment eu une aventure avec cette femme comme il le prétend ? À moins qu’il n’ait inventé cette histoire pour rendre Alice jalouse ? “Ce n’est pas vrai, Alice. Je te jure que c’est vrai !” Et Alice ? Qui est cet homme qu’elle affirme avoir rencontré et, surtout, que Paul connaîtrait ? Qui dit vrai ? Qui dit faux ? Les masques tombent pour être, de suite, mieux remis. Dans ce jeu de dupes en eaux troubles, Hélène Theunissen et Patrick Ridremont mènent brillamment la barque, secondés par le très bon duo Cécile Florin – Alexis Goslain.
Simple et efficace, la mise en scène de Rosalia Cuevas permet au texte de Zeller de jaillir, rebondir, percuter, dévier… entre les comédiens. Et de décontenancer le public. Jusqu’à la toute fin du spectacle…
-- > Bruxelles, Les Galeries, jusqu’au 2 avril. Infos et rés. au 02.512.04.07 ou sur www.trg.be