Pietro Pizzuti, un “Novecento” en demi-teinte
Vingt ans après sa création, Pietro Pizzuti se reglisse dans le costume de Novecento, pianiste virtuose qui navigua sans jamais poser pied à terre, héros du célèbre roman d’Alessandro Baricco. À voir au Théâtre Le Public jusqu’au 18 juin.
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- Publié le 30-05-2023 à 17h43
- Mis à jour le 30-05-2023 à 17h54
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Publié en 1994 sous le titre original Novecento : un monologo (traduit en français par Novecento : pianiste), ce court roman théâtral valut à son auteur, le musicologue et homme de théâtre italien Alessandro Baricco, un immense succès, en librairie et sur scène. Six ans plus tard, en 2000, le comédien Pietro Pizzuti s’empare de ce monologue poignant et lumineux dans une mise en scène de Fabio Mangolini au Théâtre Le Public.
Depuis, l’eau a coulé sous les ponts, et c’est à l’âge du rôle que Pizzuti retouve Baricco et son célèbre héros, Novecento. Toujours sur les planches du Public, mais, cette fois, entouré de Michel Kacenelenbogen à la mise en scène et d’Anne Guilleray à la scénographie.
Une profonde amitié
Novecento, c’est l’histoire bouleversante de Danny Boodmann T.D. Lemon Novecento. Abandonné à sa naissance, au début du XXe siècle, par des migrants dans un carton sur le piano d’un salon de première classe du paquebot le Virginian, il est recueilli par un machiniste. Navigant inlassablement d’un bout à l’autre de l’Atlantique, Novecento grandit sans jamais mettre pied à terre.

Au cours de cette enfance atypique, il développa un don exceptionnel : telle une prédisposition divine, il jouait du piano comme nul autre. Adulte, sa réputation de virtuose dépassa de loin le pont et les salons du Virginian pour atteindre le continent. Au point qu’un célèbre jazzman embarqua pour le défier en duel.
Ce récit de vie hors du commun, c’est Tim Tooney qui le raconte. Trompettiste engagé à bord du navire, il se lia d’une profonde amitié avec Novecento. À l’époque, les deux jeunes gens avaient la vingtaine. “Il jouait une musique qui n’existe pas”, se souvient Tim, émerveillé.
Un manque de nuances
Vingt ans après la création de Novecento au Public, le texte d’Alessandro Baricco demeure toujours aussi prenant, infusé de poésie, d’amour et de notes d’humour, invitant les spectateurs au voyage au gré des mots et des flots.
Alors qu’à la lecture du roman, la musicalité de chaque phrasé, rond et ciselé, et le descriptif de ces notes de piano virevoltant de la troisième à la première classe de passagers nous font imaginer et entendre la musique dans notre tête, Pietro Pizzuti vogue sur une même gamme, un même ton, privant son interprétation de nuances. Son Tim Tooney est attachant, mais il manque d’envergure, d’entrain et de lumière.

Très sobre et statique (ce qui peut sembler étrange pour un récit qui se déroule sur un bateau), la mise en scène fonctionne de concert avec la scénographie, minimaliste – un bastingage équipé d’une bouée de secours – et un éclairage très sombre, ce qui n’aide pas à insuffler un peu de vigueur à l’ensemble.
-- > Bruxelles, Le Public, jusqu’au 18 juin. Infos et rés. au 02.724.24.44 ou sur www.theatrelepublic.be