“Depuis que tu n’as pas tiré” : Bruxelles plurielle, belle, cruelle, contée, slamée
Rafale de mots, de notes, de mouvements au Rideau de Bruxelles, par Marie Darah et Cloé du Trèfle.
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- Publié le 01-06-2023 à 17h39
- Mis à jour le 01-06-2023 à 17h42
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À quoi songe-t-on quand on voit venir les dernières minutes de notre vie ? À cette question, brillant de l’éclat froid du canon d’une arme pointée, Marie Darah répond par un récit kaléidoscopique qui nous entraîne dans les beautés et les noirceurs de Bruxelles. Ses bars de nuit, ses sempiternels échafaudages, ses squats, ses parcs, ses deals, ses jobs pour survivre, ses fêtes au fil du calendrier, sa justice surplombante, ses vitrines chic, ses bas quartiers, son bowling aux toilettes rutilantes où échouer après une nuit d’excès.
Bruxelles, avec ses airs de New York, “mais plattekeis”.
“C’est petit comme un village quand tu ne veux pas croiser quelqu’un, et grand comme un pays quand tu veux prendre les transports en commun.”
Portraits croisés, théâtre musical
Une promenade imagée, passionnante et déchirante, truffée de références et de clins d’œil. Mais Depuis que tu n’as pas tiré ne se résume pas à cela, loin de là. Partie de l’écriture – le texte éponyme, édité sous forme de bookleg par maelstrÖm reEvolution en 2020, est lauréat du concours Bruxelles se conte –, la performance emprunte ses codes tant au slam et à la poésie parlée qu’au théâtre musical.

Compositrice et multi-instrumentiste, Cloé du Trèfle déploie en direct sur le plateau ses nappes rythmiques, ses notes en volutes. Ainsi texturé, le récit, déjà incarné, résonne plus encore. Un paysage prend corps, pluriel et cruel, dans la scénographie dépouillée de Laura Erba et les lumières qu’elle cosigne avec Gauthier Minne.
Fruit d’une mise en scène collective, Depuis que tu n’as pas tiré bénéficie de l’œil aiguisé de Laure Chartier, autrice et interprète du solo Un fait divers (2018). De cette collaboration résulte une simplicité formelle qui – laissant une large place au texte, à son flux entêtant – forme un écrin de précision pour ce propos à la fois accessible et reflétant des réalités complexes.
Je sais trop bien, mon frère, que rien n'est juste et que rien ne sert de courir quand les autres partent avec des bons points.
Dans le foyer du Rideau, là où brille en lettres d’or le slogan-manifeste “Nous sommes le paysage”, le public partage un goûter, des enthousiasmes, des encouragements. Car après la séance de jeudi après-midi, le micro était ouvert aux personnes qui – ayant participé ou non, via diverses associations, aux ateliers d’écriture et de slam de Marie Darah, tout au long de la saison – souhaitaient s’y exprimer. Des mots se déposent, des vécus, des révoltes. Après le spectacle, une autre forme de partage qui redit que oui, décidément, “nous sommes le paysage”.
- Depuis que tu n’as pas tiré, encore ce jeudi 1er juin à 19h30, vendredi 2 et samedi 3 juin à 20h30, au Rideau de Bruxelles. Chaque représentation est suivie d’un bord de scène. Infos, rés. : 02.737.16.01 – www.lerideau.brussels