Isabelle, 45 ans, atteinte d’un cancer du sein : “Je peux tout supporter plutôt que d’avoir l’air malade !”
Seul-en-scène vibrant, éclairant, touchant et drôle de Laurence Bastin, “Le Vif du sujet” raconte le cancer du sein sans tabou ni pathos, au départ des témoignages d’une cinquantaine de femmes. À voir au Théâtre Le Public jusqu’au 21 octobre, avec Laurence D’Amelio dans une mise en scène de Patricia Ide.
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- Publié le 04-09-2023 à 16h56
- Mis à jour le 04-09-2023 à 21h56
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C’est un sujet délicat, douloureux, éminemment intime. Pourtant, Laurence Bastin est parvenue à écrire un texte vibrant, éclairant, infusé de bienveillance, d’humour et d’espoir, qui plonge le spectateur dans “Le vif du sujet”, sans tabou ni pathos.
Isabelle a 45 ans. Un jour, nue devant le miroir de sa salle de bains, elle palpe sa poitrine et sent une boule près de son sein droit. Une visite chez le gynécologue confirme ses craintes : elle a un cancer du sein. Il y a beaucoup d’informations à digérer en une fois : le traitement, les rendez-vous à prendre, etc. Il faut accuser le coup. Puis, prévenir les proches, même s'”il n’y a pas de bons moments pour annoncer que t’as un cancer”.

Greg, son compagnon, n’est “pas sûr d’être à la hauteur” et a “besoin de prendre un peu de recul”. Voix off hésitante, on perçoit son trouble, sa peur. Isabelle doit aussi encaisser les commentaires de son entourage – va-t-elle porter une perruque faite de vrais cheveux ? a-t-elle envisagé une reconstruction mammaire ? etc. – et prévenir son employeur, un bureau d’avocats, où elle travaille à un rythme effréné.
Le combat est long, éprouvant et de tous les instants. Y compris auprès du corps médical : généticienne, oncologue, chirurgien, infirmières, prothésiste…, chacun y va de ses remarques, des plus douces et compréhensives aux plus irrespectueuses et malveillantes. Malgré tout, Isabelle garde courage et dignité : “Je peux tout supporter plutôt que d’avoir l’air malade !”
Une énergie redoutable, vaillante
Seule sur la scène de la Petite salle du Théâtre Le Public, Laurence D’Amelio, cheveux blonds coupés court et combinaison rouge, emplit, lumineuse, l’espace d’une énergie redoutable, vaillante, fragile aussi par endroits – la maladie rend “vulnérable”.
Elle n’est pas dans l’incarnation d’un personnage créé de toutes pièces. Elle est Isabelle, kaléidoscope d’une cinquantaine de femmes qui se sont confiées à Laurence Bastin. Chaque mot, chaque phrase a été ressenti, vécu dans leur âme et dans leur chair. Ce texte frappe les cœurs et les consciences – de toutes et tous ! – comme un vibrant hommage à toutes ces Amazones des temps modernes.
Comme une objection aussi aux injonctions de notre société : les magazines, les réseaux sociaux, les plages,… débordent de poitrines dénudées, exhibées, mais on crie haro ! sur une femme allaitante ou une patiente qui ne souhaiterait pas de reconstruction mammaire.
Enfin, comme une ode à la vie. Musique, chant, arts martiaux, yoga…, Laurence D’Amelio bouge, respire, chante… dans une mise en scène que Patricia Ide a imaginée, sans excès, dynamique et rythmée, en parfaite harmonie avec la scénographie de Chandra Vellut : une fenêtre aux voiles flottants qui s’ouvre sur l’horizon.
→ Bruxelles, Le Public, jusqu’au 21 octobre. Infos et rés. au 02.724.24.44 ou sur www.theatrelepublic.be