Familles recomposées : “Ton enfant, c’est ton enfant. L’enfant de l’autre, c’est différent”
Julie Annen ouvre la saison du Poche avec “Recomposées”, pièce documentaire tirée des témoignages de beaux-parents et beaux-enfants. L’occasion d’écouter la parole de celles et ceux qui vivent un quotidien à géométrie complexe, qui concerne de plus en plus de familles. À voir jusqu’au 30 septembre.
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- Publié le 13-09-2023 à 15h48
- Mis à jour le 13-09-2023 à 16h01
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Ça commence par une rencontre. Tout se passe bien. Les papillons dans le ventre. Les moments à deux. Tout ça, tout ça. Puis, le couperet : “J’ai des gosses”…
Aujourd’hui, si la famille nucléaire – les parents vivant sous le même toit que leur(s) enfant(s) – reste le modèle dominant, de plus en plus de configurations familiales, au spectre parfois très large, prennent forme. Parmi elles : le ménage recomposé. En Belgique, on compterait ainsi 20 % de familles recomposées.
Autrice, metteuse en scène et belle-mère, Julie Annen a, en partant de son vécu personnel, créé un diptyque : un spectacle jeunesse, La pomme empoisonnée, qui a, cet été, enthousiasmé les Rencontres Théâtre Jeune Public à Huy, et Recomposées, une pièce documentaire qu’elle a écrite au départ d’une cinquantaine de témoignages de beaux-parents et beaux-enfants. Présentée en ouverture de saison au Théâtre de Poche, elle est à voir jusqu’au 30 septembre.
Une parole précieuse qui s’adresse à tous
Petit préalable. La pièce fait, bien évidemment, réagir celles et ceux qui vivent en famille recomposée ou ont vécu cette expérience – typiquement, la scène du casse-tête pour fixer le calendrier des vacances d’été ravivera les souvenirs de discussions animées, voire d’âpres tractations, de plus d’un parent séparé dans la salle.
"C'était magique, mais c'est devenu merdique."
Mais Recomposées a aussi, et surtout, le mérite de faire entendre la voix de celles et ceux qui, généralement, de par la situation, demeurent en retrait : les beaux-parents et les beaux-enfants. Témoins de première ligne d’un modèle familial à géométrie variable qui prend de plus en plus d’ampleur, leur parole est, pourtant, précieuse et s’adresse à toutes et tous.
Un texte fluide et contrasté
Épaulée par Thibaut Decoster et Charly Kleinermann à la scénographie, Julie Annen a d’ailleurs pensé et orchestré sa pièce comme un espace d’écoute, d’échange et de partage. Le public est, en effet, convié à s’installer dans la salle mais aussi sur le plateau-même, côtés cour et jardin.
Dans le fond de la scène, une table avec quelques verres et une machine à café au design rouge. Couleur ambivalente représentant tantôt l’amour, tantôt la colère, le rouge est présent par petites touches, dans les costumes des trois comédiens et le décor.

De cette matière brute, à vif qu’elle a recueillie pendant de longues heures, Julie Annen en a extrait des fragments touchants, joyeux, tristes, violents, maladroits, drôles, douloureux… infusés d’amour mais aussi, parfois, de haine, qu’elle a cousus, de sa plume alerte et débridée, en un texte fluide et contrasté, reflet d’une réalité complexe et multiple : “C’était magique, mais c’est devenu merdique” ; “Notre marâtre était jalouse et cruelle” ; “Ton enfant, c’est ton enfant. L’enfant de l’autre, c’est différent” ; “Notre vie à dix, c’est la dolce vita” ; “Rose a pris ma main et m’a demandé : 'Tu veux bien être mon papa ?'” ; etc.
Une sincérité folle
Sur scène, les comédiens Diana Fontannaz, Ninon Perez et Arnaud Botman s’imprègnent de ces morceaux de vie de famille recollée avec une sincérité folle, mais aussi une légèreté bienveillante. On s’émeut et sourit de leurs histoires, et l’on se dit que toute famille, biologique ou choisie, est, au final, un fameux puzzle à assembler.
→ Bruxelles, Le Poche, jusqu’au 30 septembre. Infos et rés. au 02.649.17.27 ou sur www.poche.be