Etonnant ! L’Opéra de Munich a beau s’être largement ouvert à la musique baroque depuis deux ou trois décennies, aucun ouvrage de Rameau n’y avait jamais été donné. Carence désormais réparée avec "Les Indes galantes", ouvrage créé en 1735 avec deux "entrées" seulement (l’équivalent d’un acte, mais avec chaque fois une narration propre) puis complété par Rameau et joué plus de 300 fois à Paris dans la foulée. Pour cet opéra-ballet, le Opernfestspiele a fait appel au Belge Sidi Larbi Cherkaoui, qui avait déjà signé à la Monnaie la mise en scène de "Shell Shock" de Nicholas Lens.
Tact et intelligence
Plutôt que de se limiter à une illustration au premier degré de l’exotisme rousseauiste du livret de Fuzelier, le chorégraphe a choisi de relire le texte à la lumière des thèmes actuels de l’immigration et du multiculturalisme. Une problématique centrale en Allemagne, traitée avec tact et intelligence par Cherkaoui qui ignorait bien sûr l’acuité particulière qu’elle prendrait dans une capitale bavaroise endeuillée par l’attentat perpétré deux jours avant la première.
La lecture de Cherkaoui n’a rien de didactique ni de militant, mais trouve dans trois des quatre entrées (l’entrée des "Sauvages", artificiellement transposée dans un camp de réfugiés, trahit un net essoufflement d’inspiration) un sens nouveau à l’action.
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