Des Nations unies plus nécessaires que jamais
Un édito de Philippe Paquet
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- Publié le 19-09-2023 à 00h09
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La traditionnelle Assemblée générale de l’Onu est entrée dans le vif du sujet, mardi, avec le défilé des chefs d’État et de gouvernement à la prestigieuse tribune new-yorkaise. Une farandole de discours pleins de bons sentiments et d’engagements, ou d’imprécations et de menaces, mais presque toujours entrelardés de poncifs et de clichés. Une juxtaposition de réceptions, dîners, ateliers, débats et autres "événements", pour parler de la guerre, de la faim, de la misère, des minorités, des femmes, des enfants, et du mauvais temps.
L’utilité de cette grand-messe diplomatique, au-delà du bonheur qu’elle procure aux propriétaires des hôtels, restaurants et boutiques de luxe de Manhattan, est régulièrement mise en doute. Plus encore cette année, alors qu’on observe la montée en puissance d’un multilatéralisme à plus petite échelle, cultivé dans des structures restreintes destinées à servir des intérêts particuliers. On pense au G7 et au G20, mais aussi à l’Otan, dont la dimension politique s’est affirmée à la faveur du drame ukrainien. Ou aux Brics, dont la Chine et la Russie veulent manifestement faire un bloc pour damer le pion à l’Occident, ainsi que le suggère son récent élargissement à des États comme l’Iran et l’Arabie saoudite.
Seul forum à vocation universelle et généraliste, l'Onu n'a pourtant jamais été aussi nécessaire. Les conflits armés sont légion et on a vu resurgir le spectre le plus terrifiant : le chantage nucléaire. La démocratie est malmenée non plus seulement dans le tiers-monde, mais jusqu'en Amérique et en Europe. Les droits et libertés sont bafoués dans un nombre incalculable de pays. L'urgence écologique et climatique a atteint son paroxysme. Adoptés par les Nations unies en 2015 "pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et faire en sorte que tous les êtres humains vivent dans la paix et la prospérité d'ici à 2030", les Objectifs de développement durable paraissent, pour la plupart, impossibles à atteindre - au rythme actuel, il faudra trois siècles pour parvenir à l'égalité entre hommes et femmes. Que dire de plus pour convaincre les participants à l'AG de l'Onu de ne plus se payer de mots ?