Les journaux auraient dû applaudir une action dont les désagréments sont subis par les usagers, M. Cué?
“ 2015 a été une épreuve. Rude. Épuisante. Sans doute désespérante.” C’est le secrétaire général de la centrale des métallos wallons et bruxellois de la FGTB qui l’écrit, mercredi, dans une tribune intitulée “Les médias font la police de la grève". Et il faut croire que M. Nico Cué a vraiment très mal vécu cette année 2015 : car les propos qu’il tient dans cette tribune sont assez hallucinants. Une humeur de Francis Van de Woestyne.
Publié le 06-01-2016 à 19h33 - Mis à jour le 07-01-2016 à 10h03
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Une humeur de Francis Van de Woestyne.
“2015 a été une épreuve. Rude. Épuisante. Sans doute désespérante.”
C’est le secrétaire général de la centrale des métallos wallons et bruxellois de la FGTB qui l’écrit, mercredi, dans une tribune intitulée “Les médias font la police de la grève". Et il faut croire que M. Nico Cué a vraiment très mal vécu cette année 2015 : car les propos qu’il tient dans cette tribune sont assez hallucinants.
À le lire, les médias francophones belges seraient devenus les nouveaux chiens de garde du pouvoir en place : la troupe, écrit-il, n’est plus nécessaire au pouvoir pour disperser les grévistes, quelques éditorialistes s’en chargent.
En cause ? La condamnation par les journaux francophones du mouvement de grève à la SNCB et ce dès l’annonce du dépôt du préavis, en décembre. Les journaux auraient donc dû applaudir, se réjouir d’une action dont les désagréments ne sont nullement subis par les responsables politiques mais par les usagers. Il aurait donc fallu que les médias se rangent aux côtés des syndiqués dont une poignée parvient à bloquer l’activité d’une région, à empêcher les citoyens de se rendre librement à leur travail, les étudiants à l'université.
Si la critique a été à ce point rapide, dans tous les quotidiens, c’est bien parce que, dans une sorte de réflexe pavlovien, certains responsables syndicaux n’ont d’autre idée en tête que d’organiser des grèves chaque fois qu’un blocage survient dans une négociation ou lorsqu’un projet leur déplaît.
Mais c’est la chute de cet “éditorial” qui est la plus intéressante. Dans une sorte de jubilation à peine cachée, M. Nico Cué se plaît à rappeler que la presse francophone vend chaque jour 350 000 exemplaires, soit un recul de 4 % par rapport à 2014. “Cette industrie qui se targue de représenter l’opinion publique va mal. Et cela en dépit des aides qu’elle reçoit de la Communauté française, pouvoir que l’on sait impécunieux, au titre d’une aide à la presse qui était censée garantir une diversité d’expression des opinions. Diversité qui n’existe plus”. Et Nico Cué de conclure : "la seule FGTB wallonne réunit plus d’affiliés que la presse écrite n’a d’acheteurs quotidiens. En ce sens, on peut affirmer que l’opinion, c’est nous. Et la presse, la voix de son maître !"
Notons au passage que M. Nico Cué oublie les milliers de lecteurs qui lisent leur journal en ligne. Une tendance qui est en progrès constant. Mais soit. Revenons au cœur de la critique.
La presse que M. Cué croit voir aux ordres du gouvernement (C’est Charles Michel qui doit rire…) serait donc parfaite si elle était aux ordres des syndicats. Couchée, gentille, obéissante. Je pars en grève? Bravo. Je paralyse les trains, les TEC? Bravo. Je bloque les autoroutes? Bravo. C'est simple, finalement…
Mais pourquoi diable, la FGTB wallonne a-t-elle laissé mourir le journal “La Wallonie" dont elle était propriétaire? Est-ce parce que les idées que ce journal défendait n'avaient plus vraiment la cote auprès du public? Les mêmes métallos ont relancé un autre journal, “Le Matin” qui, courageusement adopta une ligne à la fois impertinente et indépendante. Mal lui en prit. Les métallos, associés dans un deuxième temps à d'autres groupes, lui ont coupé les ailes, malgré les aides publiques reçues pendant plusieurs années.
Les journaux, les radios, les télévisions sont submergés de témoignages de citoyens qui ne supportent plus les mouvements de grève. Ils veulent aller et venir librement. On peut défendre la qualité du rail, exiger que les pouvoirs publics réinvestissent dans les transports publics, contester certains projets du gouvernement sans toujours avoir recours à l'arme ultime de la grève. Les journaux n’affirment pas représenter toute l’opinion. Mais la FGTB n'a pas, non plus, le monopole du peuple.
Que Monsieur Cué maintienne sa méthode Coué, qu’il persévère dans ce combat syndical fait de grèves et de blocages et l’image de syndicats continuera à se dégrader. Et leur force à s’amenuiser. C’est en pratiquant un syndicalisme responsable que les représentants des travailleurs seront les plus efficaces.
Car aujourd’hui, en débrayant à la moindre occasion, les syndicats wallons, FGTB en tête, sont en train de donner raison à la N-VA qui ne voit, au Sud du pays, qu’un territoire rouge et ingouvernable. Mais en écrivant cela, sans doute sommes-nous déjà aux ordres de Bart De Wever.