Le laboratoire institutionnel
La N-VA a relancé la machine à fantasmes cette semaine. Avec des airs de torero catalan, elle a réentonné le chant des Flamands et rappelé les mérites de l’indépendance. Une chronique de Vincent Rocour.
Publié le 15-01-2016 à 20h48 - Mis à jour le 17-01-2016 à 08h55
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Une chronique de Vincent Rocour.
La N-VA a relancé la machine à fantasmes cette semaine. Avec des airs de torero catalan, elle a réentonné le chant des Flamands et rappelé les mérites de l’indépendance. Une indépendance que l’une de ses plus flamboyantes nationalistes du pays, Liesbeth Homans, promet déjà dès 2025 - demain, quoi.
Le pronostic est pourtant risqué. Depuis le temps qu’on nous prédit la fin de la Belgique. Une dette publique abyssale, une sécurité sociale parfois présentée comme la huitième merveille du monde, des Diables Rouges premiers au ranking mondial et une famille royale qui trouve désormais grâce aux yeux de certains mandataires N-VA, cela soude.
Le casse-tête bruxellois
Et puis, il y a Bruxelles. Surtout, il y a Bruxelles. Car s’il y a bien une chose sur laquelle les Belges sont en désaccord, c’est sur le sort à réserver à leur capitale en cas de scission du pays. Chaque génération de constitutionnalistes a esquissé de nouveaux scénarios. Mais sans avoir trouvé, pour l’heure, la formule magique, celle qui touche le consensus du bout des doigts.
Côté flamand, c’est le modèle de la cogestion qui tient la corde - ce modèle placerait Bruxelles sous la tutelle commune des Wallons et des Flamands. On s’en doute : il est très nettement rejeté par les francophones. Mais il divise aussi les Flamands - du moins ceux qui habitent Bruxelles.
Cette division vient d’ailleurs d’apparaître très nettement lors de la réflexion en cours sur la médecine de garde. Une bonne partie de la petite centaine de généralistes néerlandophones bruxellois a en effet choisi d’adhérer au futur service de garde bilingue qui verra le jour à partir du 1er avril. Ces médecins éviteront ainsi - notamment - des rotations trop nombreuses. Ils ont reçu la garantie qu’au moins un médecin bilingue sera de garde chaque week-end et jour férié.
La garde alternée
Mais, comme le révèle "Brussel Deze Week" cette semaine, le cercle médical néerlandophone Terranova a refusé de rejoindre l’initiative bilingue. Les médecins qui en font partie doutent que les patients néerlandophones pourront être tous traités dans leur langue et redoutent d’être mis en minorité au sein des organes de gestion de l’ASBL. Ils feront donc cavalier seul même si cette décision les obligera à multiplier les gardes durant les jours de congé. Résultat : il n’y aura pas un numéro de garde unique à Bruxelles comme l’espéraient les ministres bruxellois de la Santé, Didier Gosuin (Défi) et Guy Vanhengel (Open VLD), mais deux.
D’accord, c’est un détail au regard de l’histoire. Mais un détail significatif dans celle du royaume de Belgique.