Juliette Armanet et “Les Lacs du Connemara” de Michel Sardou: une tempête médiatique incongrue mais pas si surprenante
Ce qui dépasse l’entendement dans ce débat, c’est qu’on puisse s’étriper une semaine durant sur cette question : “La chanson 'Les Lacs du Connemara' de Michel Sardou est-elle de droite ou pas ? ”
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- Publié le 16-08-2023 à 16h53
- Mis à jour le 17-08-2023 à 11h12
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Près d’une semaine. Près d’une semaine que la polémique lancée par la chanteuse française Juliette Armanet n’en finit pas d’agiter les réseaux sociaux. Pour rappel, interrogée par nos confrères de la RTBF pour leur rubrique “Unpopular opinion” (opinion impopulaire), la jeune chanteuse a déclaré, en parlant des "Lacs du Connemara" de Michel Sardou, qu’il s’agissait là d’une chanson “qui (la) dégoûte”, dont “la musique est immonde” et “de droite”.
Une semaine donc que le débat fait rage, dans les médias, surtout français, comme sur les réseaux. Une semaine. Certes, on peut s’interroger sur ce qui rend une chanson populaire, ou sur la manière dont elle a vu le jour. En l’occurrence, le plus “drôle” avec “Les Lacs du Connemara”, c’est que Michel Sardou ne s’y est jamais rendu avant sa composition. L’idée de la chanson lui est venue en lisant des documents touristiques sur l'Irlande alors qu'il voulait écrire sur l'Ecosse. Soit. Bien des chansons de Michel Sardou peuvent être estampillées “de droite”, mais objectivement pas “Les Lacs du Connemara”. Ce qui dépasse l’entendement dans ce débat, c’est qu’on puisse s’étriper une semaine durant sur cette question “la chanson “Les Lacs du Connemara" de Michel Sardou est-elle de droite ou pas ? ” ou sur le mépris (supposé ou pas) de la chanteuse Juliette Armanet pour la culture populaire.
Cette agitation peut sembler légitimement incongrue au regard des débats autrement plus importants qui devraient nous intéresser. On y reviendra. Mais elle ne surprend pas, cette tempête médiatique. Cette déferlante de commentaires est très révélatrice de la société dans laquelle nous nous trouvons. De l’“intellectualisation” poussée à l’extrême – certains commentateurs affûtent manifestement leurs armes en vue de la rentrée – à la polarisation de tout débat, quel qu’il soit, on trouve là les deux principaux ressorts d’un bon trip sur les réseaux sociaux. Hallucinant, ce trip. Et d’une violence rare aussi, de nouveau. Juliette Armanet s’est pris une volée d’insultes en tout genre, sexistes aussi, que personne ne devrait avoir à subir. Les commentaires le plus souvent indigents assénés dans le cadre de ce débat révèlent aussi surtout l’incapacité de notre société à s’emparer et surtout à faire vivre des enjeux autrement plus importants pour le vivre ensemble et l’avenir des générations futures. La lutte contre le réchauffement climatique. L’efficience des dépenses publiques. L’autonomie énergétique. La soutenabilité des finances publiques. La pérennisation d’un modèle de sécurité sociale. La formation à l'emploi. L'éducation aux médias et aux réseaux sociaux. Liste non exhaustive. Mais on s’en voudrait de jouer les rabats-joie.