Poutine ira revoir sa Normandie
Vladimir Poutine participera, le 6 juin, à la commémoration du Débarquement. Pas le débarquement des forces spéciales russes en Crimée, tout bêtement le débarquement des Alliés en Normandie. Et tout le monde trouve cela normal. Un commentaire de Philippe Paquet.
- Publié le 08-05-2014 à 19h15
- Mis à jour le 17-05-2014 à 11h42
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Vladimir Poutine participera, le 6 juin, à la commémoration du Débarquement. Pas le débarquement des forces spéciales russes en Crimée, tout bêtement le débarquement des Alliés en Normandie. François Hollande a invité le président russe aux cérémonies du septantième anniversaire et il a accepté l’invitation, a indiqué jeudi l’ambassadeur de Russie à Paris, Alexandre Orlov.
Tout le monde trouve cela normal. "C’est dans l’ordre des choses", a commenté le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian; l’inverse serait "une insulte" à tous les morts russes de la Seconde Guerre mondiale. "On peut avoir des différends avec Vladimir Poutine, mais moi je n’oublie pas et n’oublierai jamais que le peuple russe a donné des millions de vies", a enchéri M. Hollande. Même Angela Merkel a dit "se réjouir" (sic) de la présence du président russe le 6 juin.
Il est certain qu’on ne saurait oublier le front de l’Est, Stalingrad, le courage du peuple russe, son sacrifice (on ne saurait non plus oublier ce que le Kremlin fit de la victoire alliée : la déportation des Tatars de Crimée - de Cri-quoi ? -, l’annexion des Etats Baltes, le Mur de Berlin, le rideau de fer…). Mais qu’est-ce que cela a à voir avec Vladimir Poutine ? On pourrait tout aussi bien vouer un culte éternel à Silvio Berlusconi parce que les Romains ont construit le pont du Gard.
Sans doute M. Poutine est-il, ainsi que son collègue français le souligne, "le représentant du peuple russe". Mais pas du peuple russe qui a versé son sang pour la libération de l’Europe du joug nazi. De celui qui, au contraire, cautionne le démantèlement de l’Ukraine au mépris du droit international et la déstabilisation d’un pays pour la simple raison que son gouvernement a des velléités de rapprochement avec l’Europe - cette même Europe qui juge honorable le fauteur de troubles en chef. Il est vrai que c’est "dans l’ordre des choses" puisque les sanctions prises depuis l’affaire de Crimée ne visent curieusement pas le seul responsable, celui qui prend toutes les décisions, le président "bienvenu" Vladimir Poutine.