La diplomatie pour les nuls: et voici Donald K. K. K. Trump!
Le favori du camp républicain à la présidentielle est empêtré dans une controverse dont se gavent les médias depuis que l'ancien dirigeant du Ku Klux Klan David Duke a exhorté les Américains à voter pour lui, sous peine de « trahir leur héritage ».
Publié le 01-03-2016 à 16h26 - Mis à jour le 01-03-2016 à 18h35
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On savait que Donald Trump a la langue bien pendue (mais aussi fourchue, comme auraient dit les Indiens dans les westerns de notre enfance ; en revanche, ils ne l'auraient sans doute pas appelé « visage pâle », s'il faut en croire le sénateur Marco Rubio qui trouve au milliardaire new-yorkais, autobronzant oblige, un teint plutôt « orange »…). On ignorait, en revanche, qu'il fût dur d'oreille.
Le favori du camp républicain à la présidentielle est empêtré dans une controverse dont se gavent les médias depuis que l'ancien dirigeant du Ku Klux Klan David Duke a exhorté les Américains à voter pour lui, sous peine de « trahir leur héritage ». Invité à récuser pareil soutien, Trump s'est curieusement embourbé. Il a d'abord louvoyé en affirmant ne rien savoir de David Duke et en invoquant la nécessité de « se renseigner » avant de condamner tel ou tel « groupe ». Mesurant ensuite l'ampleur de sa bévue (un candidat à la Maison-Blanche doit-il « se renseigner » pour savoir ce qu'est le KKK ?), il a prétexté un problème d'audition quand un journaliste de CNN l'a interrogé sur Duke : il n'avait tout simplement pas bien entendu la question.
Il n'y a sans doute pire sourd que celui qui ne veut pas voir…les choses en face. Donald Trump savait manifestement qu'on parlait de David Duke et il connaissait le personnage pour l'avoir désavoué déjà... il y a une quinzaine d'années. On peut certainement prêter au démagogue Trump bien des défauts, mais probablement pas celui d'être raciste. Il n'en reste pas moins que son attitude dans cette affaire a semé le doute et, comme l'a adéquatement résumé Hillary Clinton, on ne peut pas, quand on veut être président des Etats-Unis, répondre n'importe quoi parce qu'on n'a pas compris la question…
La polémique tend surtout à confirmer ce que ceux qui suivent le parcours de Donald Trump depuis longtemps n'ont cessé d'affirmer : c'est un menteur. Un autre scandale potentiel pourrait en fournir une illustration supplémentaire : le candidat aurait déclaré à la rédaction du « New York Times », dans un propos « off the record », qu'il ne pensait pas ce qu'il disait à propos de l'immigration. S'il était élu, aurait-il déclaré, il ne mettrait pas à exécution son projet d'expulser les onze millions de clandestins aux Etats-Unis, pas plus qu'il ne ferait achever le mur sur la frontière avec le Mexique. Les adversaires de Trump exigent que le journal rende public l'enregistrement de cet entretien.
Tout cela provoque les ricanements du camp démocrate, mais aussi un profond malaise au sein du Parti républicain, où l'on craint une irrémédiable fracture entre ceux qui sont prêts à s'accommoder de Trump et ceux à qui cela paraît impossible. Traditionnellement, une fois les passions des primaires retombées, les partis se regroupent derrière leur candidat. C'est particulièrement vrai chez les Républicains (« the Democrats fall in love, the Republicans fall in line », dit-on : les Démocrates tombent amoureux, les Republicains se mettent en rangs). Cette fois, cependant, des personnalités telles que l'ancien candidat à la présidentielle Mitt Romney, la gouverneure de la Caroline du Sud Nikki Haley, ou le sénateur du Nebraska Ben Sasse, ont déclaré qu'ils ne soutiendraient pas Trump s'il remporte l'investiture.
Certains analystes comparent l'engouement que Donald Trump suscite aujourd'hui auprès des laissés pour compte et autres déçus de la politique washingtonienne, à la vague qui souleva Barack Obama en 2008. Ce dernier avait, semble-t-il, l'ouïe plus fine, mais ce n'est pas la différence principale entre les deux hommes.