Diplo pour les nuls: la mise au pas de Hong Kong
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/e842bcfd-e87b-497e-a849-524fef3c6458.png)
- Publié le 12-03-2021 à 08h10
:focal(1275x854:1285x844)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/MGJ2D2CQBFB4DILOGSVKHQTULU.jpg)
Au dernier jour de sa session annuelle, jeudi, le Parlement chinois a adopté une réforme du système électoral à Hong Kong qui revient à couler par quatre mille mètres de fond les promesses de démocratisation inscrites dans l’accord de 1984 entre Londres et Pékin sur la rétrocession de la colonie britannique, devenue treize ans plus tard une "région administrative spéciale" (SAR) de Chine.
L’espoir, à l’époque, était que Hong Kong non seulement conserverait son économie capitaliste et son mode de vie occidental, mais pourrait aussi être le banc d’essai d’une démocratie susceptible de tirer la Chine vers le haut. La grande métropole cosmopolite lui aurait montré le chemin vers une modernité politique en phase avec le phénoménal progrès économique et social de ces dernières décennies.
Au lieu de quoi, Pékin s’ingénie à tirer Hong Kong vers le bas pour en faire une ville chinoise comme les autres. Là où l’accord de 1984 prévoyait l’élection au suffrage universel du chef de l’exécutif et du Conseil législatif de la SAR, la réforme validée jeudi met en place un dispositif pour garantir que tous les candidats à des mandats électifs seront des "patriotes", c’est-à-dire des personnalités qui "aiment" la Chine et, plus encore, le Parti communiste chinois.
Avec cet art consommé du détournement des mots qui a toujours fait le charme des dictatures, en particulier celles de gauche (on se souvient de ces "démocraties populaires" qui n’étaient pas plus démocratiques que populaires), les autorités chinoises se flattent de vouloir instaurer de la sorte "une démocratie aux couleurs de Hong Kong". La presse inféodée au régime salue "l’amélioration" apportée aux institutions de la SAR, tandis que la patriote en chef de l’ex-colonie, Carrie Lam, se réjouit que "les lacunes" dans la loi électorale de Hong Kong aient été comblées.
On ne devrait pas s’émouvoir outre mesure de cette évolution. Après tout, la Chine a retrouvé sa souveraineté sur Hong Kong et elle l’exerce comme elle l’entend. L’heure n’est plus aux illusions ou aux faux-semblants. Les communistes chinois n’ont jamais aimé cette ville qui a couché pendant un siècle et demi avec l’impérialisme étranger. Ils attendaient l’occasion de le lui faire payer et ce moment est venu, n’en déplaise à ceux qui croyaient en la parole donnée dans un traité.