Diplo pour les nuls : En Chine, qui file un mauvais coton ?
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- Publié le 25-03-2021 à 22h58
- Mis à jour le 25-03-2021 à 22h59
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Dans un pays où l’indignation populaire n’est pas nécessairement spontanée, on voit volontiers la main des autorités derrière la campagne menée sur les réseaux sociaux chinois contre H&M, Adidas, Uniqlo et autres Nike, à qui l’on reproche des "doutes" sur la situation au Xinjiang. Craignant pour leur image de marque, ces sociétés s’inquiètent à l’idée que leurs matières premières puissent être le produit du travail forcé des Ouïghours, une minorité musulmane que le parti communiste a décidé de mettre au pas.
Raillant cette supposition, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hua Chunying, a exhibé, lors d’un point de presse, une photo d’esclaves noirs récoltant du coton dans les plantations du sud des États-Unis au XIXe siècle. Puis une autre pour rappeler qu’au Xinjiang, "plus de 40 %" du coton est récolté par des machines.
On n’ergotera pas sur les quelque 60 % restant. On s’interrogera plutôt sur les arguments et la communication d’un régime politique qui a tout de même hérité de l’une des civilisations les plus sophistiquées de l’Histoire. Car cette réaction caricaturale n’est pas isolée. L’autre jour, c’est l’ambassade de Chine à Paris qui, sur son compte Twitter, traitait de "petite frappe" un chercheur français qui avait eu le tort de justifier une mission parlementaire à Taiwan.
La Chine a le droit de ne pas aimer qu’on la critique. Elle peut penser qu’on a tort de le faire. Mais le plus simple, pour chasser reproches et suspicions, ne serait-il pas pour elle de se comporter de façon adéquate ? Si elle n’a rien à cacher, pourquoi dissimuler ? Qu’elle laisse entrer et travailler sans entraves journalistes, ONG et… experts de l’Organisation mondiale de la Santé. Car, faut-il le rappeler, on ne s’interroge pas seulement sur ce qui se passe réellement au Xinjiang. Le monde voudrait aussi comprendre un jour pourquoi l’effroyable épidémie de Covid-19 est partie de Wuhan.
Dans l’intervalle, c’est aux citoyens, qu’on veut croire de plus en plus responsables, de déterminer leurs priorités. Si les consommateurs chinois veulent boycotter des marques parce qu’elles diffameraient leurs dirigeants, libre à eux. Mais libre aussi aux consommateurs hors de Chine de décider s’ils préfèrent que leurs marques favorites se préoccupent davantage de leurs coûts de production et de leurs marchés que de morale et de droits humains.