Diplo pour les nuls : les talibans, la Chine, la charia et nous…
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- Publié le 18-08-2021 à 15h31
- Mis à jour le 18-08-2021 à 15h42
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Formidable ! Les talibans ont annoncé qu'ils respecteraient le droit des femmes à étudier et à travailler (pour peu, a-t-on compris, qu'elles exercent des métiers où elles sont "utiles" : dans la santé, l'enseignement, la police…). Des dirigeants occidentaux exultent comme s'il s'agissait d'un signe d'ouverture admirable. Les talibans ont aussi indiqué qu'ils rétabliraient la charia et imposeraient le code vestimentaire de rigueur pour les femmes (voile ou niqab, ce n'est pas encore très clair). Ouf de soulagement, de nouveau, en Occident, comme si ces choix d'un autre âge nous convenaient.
Le pays le plus en pointe dans cette partie de copain-copain avec les talibans est le plus révolutionnaire de tous : la Chine. Certes, on peut comprendre qu'elle se réjouisse de la déconfiture des Américains en Afghanistan et on peut même reconnaître un certain humour à ses médias officiels d'ordinaire si tristes (l'agence Chine nouvelle ironisait ainsi sur le slogan de campagne de Joe Biden, "America is back", en y ajoutant "back home"). Son attitude n'en est pas moins hallucinante, et à plus d'un titre. Voilà, en effet, un régime communiste par définition athée qui pactise avec des intégristes religieux fanatisés. Et voici une dictature de parti unique qui déclare naïvement souhaiter la mise en place à Kaboul d'un gouvernement "inclusif" et donc pluraliste.
Il est vrai que les communistes chinois ont des points communs avec les talibans : mépris identique pour les droits de l’homme ou même volonté d’écarter les femmes de la vie politique et donc de la direction du pays (une seule femme au Bureau politique, aucune au tout-puissant Comité permanent). On comprend donc son cynisme - ou son sens pratique : après avoir fourni des masques Covid à l’Europe, ses usines pourront livrer des burqas à l’Afghanistan.
Mais chez nous ? On a entendu l'autre matin une ancienne gloire socialiste belge (on taira son nom pour ne pas embarrasser ses amis et ses proches) suggérer qu'on "teste la bonne volonté des talibans". Se contentera-t-on de l'assurance qu'ils ne lapident plus les femmes prétendument coupables d'adultère, en sachant que, loin des caméras de CNN, la réalité ne s'accordera pas nécessairement au discours qui a été soigneusement poli dans les officines du Qatar ? Mais, de toute façon, à quoi bon bouder les talibans si l'on courtise toujours leur mère spirituelle, l'Arabie saoudite ?