Le ski, cette merveilleuse invention chinoise
Un commentaire de Philippe Paquet.
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Publié le 10-02-2022 à 13h22
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En organisant les Jeux olympiques d’hiver, la Chine caresse la double ambition de briller un jour dans les sports de glisse et de développer une lucrative industrie du sport d’hiver.Comme les Chinois ne font rien à moitié, il ne suffit visiblement pas d’initier la population à des activités qualifiées sous Mao de scandaleusement bourgeoises et restées, par conséquent, longtemps proscrites. Il faut la convaincre qu’elle ne fait, en réalité, que renouer avec une vieille tradition malencontreusement oubliée.
C’est pourquoi les médias officiels ont multiplié, ces derniers mois, des reportages qui veulent accréditer l’idée que le ski est né en Chine - et pas hier. Ce serait à Hemu, un village de l’Altaï, dans l’extrême nord du Xinjiang, que les habitants auraient pris, il y a dix mille ans, l’habitude de se déplacer sur des planchettes tapissées de fourrure ! Des peintures rupestres découvertes dans cette région, coincée entre la Mongolie et le Kazakhstan, en apporteraient la preuve.
Le besoin de se mouvoir plus facilement sur la neige a dû inspirer quelques trouvailles à nos lointains ancêtres, et pas seulement à Hemu. Il est donc difficile de déterminer où le ski a fait son apparition : des témoignages très anciens existent un peu partout, de la Scandinavie à la Sibérie. La prétention chinoise en rappelle au demeurant une autre : en 2006, des experts pékinois affirmaient, en se fondant sur des peintures en rouleau de la dynastie des Yuan, que le golf était lui aussi né en Chine. "On peut faire tellement de choses avec un bâton et une balle", avait flegmatiquement commenté Peter Lewis, le directeur du musée du Golf à Saint Andrews en Écosse.
Que les inventeurs chinois du ski aient appartenu à une minorité ethnique qui, à l’époque, n’avait rien de chinois, n’est pas pour embarrasser Pékin. C’est, au contraire, un moyen de réaffirmer sa souveraineté immémoriale sur le Xinjiang. En douterait-on que le régime communiste a confié le soin d’allumer la vasque olympique, vendredi dernier, à Dinigeer Yilamujiang, une skieuse de fond originaire de l’Altaï. Une athlète ouïghoure dont, il faut bien en convenir, personne n’avait entendu parler jusque-là.