Édito: Pas de pays sans paysans

Une agriculture plus verte et plus équitable. L’objectif annoncé en 2011 par le commissaire européen Dacian Ciolos était alléchant, mais force est de reconnaître qu’il n’aura été que partiellement atteint. Un édito de Gilles Toussaint.

Gilles Toussaint
Édito: Pas de pays sans paysans
©Bureaux régionaux

Une agriculture plus verte et plus équitable. L’objectif annoncé en 2011 par le commissaire européen Dacian Ciolos était alléchant, mais force est de reconnaître qu’il n’aura été que partiellement atteint. L’accord - lui aussi partiel - intervenu mercredi sur la réforme de la Politique agricole commune (PAC) en a notablement rogné les ambitions.

Face aux nombreuses réticences des parlementaires et des Etats membres, la nouvelle PAC aura des airs de "sur mesure" tant elle multiplie les dispositions particulières qui permettront à chaque pays de l’adapter à sa sauce. Il n’est pas sûr qu’elle y gagne en cohérence et en lisibilité, ni que l’esprit européen en sorte renforcé.

En actant les prémices d’une redistribution un peu plus équitable des aides et le principe de la préservation environnementale que doit impérativement intégrer l’agriculture moderne, elle marque néanmoins un tournant.

A l’image du mouvement constaté dans d’autres secteurs de la société européenne, la fracture sociale s’est en effet considérablement élargie dans le monde agricole. Il est plus que temps de se préoccuper de la sauvegarde de cette agriculture familiale, "paysanne", et de ceux qui font le choix de pratiques plus respectueuses en s’écartant des sentiers labourés de l’agrobusiness.

Un constat qui nous renvoie inlassablement à nos responsabilités de consommateurs pour qui l’agriculture est devenue une réalité virtuelle. A l’heure où la nourriture est régulièrement bradée et gaspillée, il est urgent d’ouvrir les yeux sur le poids social, écologique et moral de nos assiettes. Sans quoi, il est hypocrite et vain de pleurer sur ses lasagnes au cheval.

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