Édito: Criminalité, des chiffres délicats à manipuler

Le député bruxellois de la Fédération Wallonie-Bruxelles Alain Destexhe s’inquiète à intervalles réguliers de l’insécurité qui, selon lui, accablerait sans cesse davantage la Belgique et singulièrement Bruxelles. C’est, chaque fois, pour proposer ses solutions, plutôt musclées, seules capables, selon lui, de repousser les scénarios dignes "d’Orange mécanique" qu’il entrevoit.

A neuf mois des élections, il s’est lancé dans une recherche statistique qui semble montrer une augmentation sensible des faits de violence dans la capitale.

C’est en contradiction avec les chiffres livrés par la police fédérale dans son dernier rapport. Lequel dit que la criminalité, même violente, est en recul, spécialement par rapport à une mauvaise année 2011… choisie précisément comme référence par l’élu MR.

En 2009, des chercheurs de l’ULB avaient montré que Bruxelles connaissait une situation stable en termes de sécurité. Un sociologue de la KUL vient, beaucoup plus récemment, d’établir qu’en matière de criminalité, Bruxelles enregistrait ces derniers temps des résultats meilleurs que les autres grandes villes belges. Et les experts rappellent combien les données relatives aux faits délictueux sont difficiles à manipuler.

Bruxelles n’est pas un paradis. Certains de ses quartiers sont difficiles, voire dangereux. L’ignorer serait suicidaire ; exiger des autorités qu’elles combattent sans faiblesses une délinquance qui menace le tissu social n’a rien de scandaleux. Mais dresser des bilans apocalyptiques dans le but d’encourager une politique essentiellement répressive n’est pas la meilleure façon de résoudre un problème qui demande des réponses plus équilibrées que celles que propose M. Destexhe.