Édito: la Crimée vaut-elle une messe ?
En annonçant un référendum pour le 16 mars, les autorités prorusses de Crimée ont franchi un pas de plus dans ce qui semble être un processus inexorable: la réintégration du territoire dans la Fédération de Russie.
- Publié le 06-03-2014 à 20h35
- Mis à jour le 27-03-2014 à 19h41
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En annonçant un référendum pour le 16 mars, mais en faisant comme si celui-ci avait déjà livré ses résultats (par exemple en qualifiant de "forces d’occupation" les troupes ukrainiennes présentes dans la péninsule), les autorités prorusses de Crimée ont franchi un pas de plus dans ce qui semble être un processus inexorable : l’annulation du cadeau fait à l’Ukraine par Khrouchtchev en 1954 et la réintégration du territoire dans la Fédération de Russie.
Le coup de force est évidemment inacceptable au regard du droit international. Il est tellement grossier qu’il met mal à l’aise jusqu’aux Chinois, déchirés entre leur solidarité habituelle avec la Russie et leur attachement obsessionnel à l’intégrité territoriale.
On voit mal, cependant, ce qui pourrait encore faire reculer Vladimir Poutine, en dehors d’une réaction militaire en bonne et due forme - en restant hors jeu, l’Otan court d’ailleurs le risque d’une perte de crédibilité qui pourrait lui être fatale. Paradoxalement, la riposte viendra peut-être de l’intérieur, avec une éventuelle guerre de partisans menée par les Tatars ou d’autres insoumis qui transformeront la Crimée en nouvel Afghanistan, ou en nouvelle Tchétchénie.
Les autres options font en effet figure de pétards mouillés. Les sanctions économiques feront autant, sinon plus, de mal à ceux qui les prendront - et qui, de Berlin à Londres, sont au demeurant réticents à les prendre. Quant à l’UE, avec ses onze milliards d’euros d’aide annoncée, quel dérisoire levier espère-t-elle avoir sur un pays qui fut corrompu sous tous ses gouvernements, et qui, pour son malheur, est condamné à rester écartelé entre l’Europe et la Russie ?