Édito: des juges très importants et très exposés
Le "métier" est à risques à divers points de vue. Risques physiques d’abord pour certains, comme les magistrats en charge des affaires liées au terrorisme, qui sont régulièrement l’objet de menaces de mort. Risques psychologiques aussi car il faut des nerfs et du sang-froid pour conduire des dossiers souvent complexes sur les plans humain et juridique à la fois.
Publié le 04-03-2015 à 19h12 - Mis à jour le 05-03-2015 à 07h48
Le juge d’instruction liégeois en charge des matières économiques et financières Philippe Richard a choisi de se déporter dans le dossier Tecteo, après que les conseils de l’inculpé Stéphane Moreau eurent demandé sa récusation ; le juge d’instruction Michel Claise, qui gère le dossier Kubla et quelques autres très sensibles, a subi diverses pressions, dont peut aussi témoigner un de ses collègues carolos Paul Dhaeyer, également investi d’instructions "difficiles".
Cela pour dire que le "métier" est à risques à divers points de vue. Risques physiques d’abord pour certains, comme les magistrats en charge des affaires liées au terrorisme, qui sont régulièrement l’objet de menaces de mort. Risques psychologiques aussi car il faut des nerfs, du sang-froid, de l’expérience pour conduire des dossiers souvent complexes sur les plans humain et juridique à la fois.
Les juges d’instruction, dont Napoléon disait qu’ils étaient les hommes les plus influents d’un Etat, exercent des pouvoirs importants et ils les assument seuls, en toute indépendance. Cela monte à la tête de quelques-uns, avec des résultats parfois désastreux (voir Outreau). La plupart, heureusement, ont une haute idée de leur mission, qui est essentielle.
Pour autant, certains voudraient la modifier en faisant d’eux des juges DE l’instruction. Ils en seraient réduits à contrôler la légalité d’une enquête et à n’intervenir que si les libertés fondamentales étaient menacées par elle.
A l’heure où l’on étend les pouvoirs du ministère public et où l’exécutif tente de plus en plus de le surveiller, cette idée doit être accueillie avec grande prudence. On oserait même dire "avec des pincettes".