Édito: les Européens, unis dans la médiocrité
Qu’aucune de ces questions ne puisse se régler en un coup de cuiller à pot ne justifie pas que les dirigeants européens se contentent d’y apporter des réponses se distinguant par leur médiocrité. Un édito d'Olivier Le Bussy.
Publié le 25-06-2015 à 22h29 - Mis à jour le 26-06-2015 à 14h48
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Un édito d'Olivier Le Bussy.
Il n’est pas de solution simple à des problèmes infiniment complexes. Il serait intellectuellement et politiquement malhonnête de prétendre qu’“il n’y a qu’à…” pour définir une politique européenne d’accueil des centaines de milliers de demandeurs d’asile, digne, équilibrée et cohérente. Il serait tout aussi malhonnête d’affirmer qu’“il n’y a qu’à…” pour sauver la Grèce et sa population de l’asphyxie financière, et assurer, dans le même temps, que les autorités grecques s’attelleront à remettre l’Etat et l’économie nationale d’aplomb. On ne peut pas plus avancer qu’“il n’y a qu’à…” pour transformer la bancale zone euro en véritable Union économique et monétaire. Ou qu’“il n’y a qu’à…” pour faire en sorte que le Royaume-Uni reste dans l’UE, content d'y être, sans lui passer ses caprices.
Qu’aucune de ces questions ne puisse se régler en un coup de cuiller à pot ne justifie pas que les Vingt-huit se contentent d’y apporter des réponses se distinguant par leur médiocrité Le sommet qui prendra fin ce vendredi, n'accouchera, une fois de plus, d'aucun progrès tangible. Pire, même : son déroulement est l'illustration patente de l'état de délabrement dans lequel se trouve l'esprit européen. Le débat des chefs d'Etat et de gouvernement sur la répartition de l'accueil des demandeurs d'asile, qui fuient leur pays ravagés par la guerre, a pris une tournure pathétique, jeudi soir. La Grèce est tout au bord du précipice et d'aucuns se demandent si, après tout, ce serait si dramatique que cela si elle y tombait. Les discussions, primordiales pour l'avenir du projet européen, sur l'évolution de la zone euro et la place Royaume-Uni dans l'Union ont été reléguées au rang de points divers.
Il y a trop de divergences de vues et d’intérêts - pas tous nobles - entre les Etats membres. Trop d’égoïsme, d'orgueil personnel ou national mal placé. Trop peu d'empathie, de hauteur de vue, de courage politique. L’Europe avance (?) sans élan.
Il en sera ainsi, tant que ses Etats membres n’admettront pas qu’il leur faut être, vraiment, solidaires les uns des autres, responsables les uns envers les autres. Tant qu’ils redouteront de présenter une vision et des ambitions collectives, plus élevées que le souci de colmater les fuites et de boucher les trous.
L’Europe peut continuer à cheminer, sans cap et à pas lents, persistant à penser qu’elle est le phare de la civilisation. A vivoter jusqu’à ce qu’elle s’éteigne - ou pire, explose - faute d’avoir prouvé en quoi elle est nécessaire. Elle peut aussi choisir d’enfin donner un sens au nom qu’elle s’est donné : Union européenne.