Edito: votes, mensonges et réseaux sociaux
- Publié le 18-11-2016 à 07h24
- Mis à jour le 18-11-2016 à 07h26
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Un édito d'Alain Lorfèvre.
Donald, vous vivez dans votre propre réalité." La répartie d’Hillary Clinton à Donald Trump durant leur premier débat résume encore, une semaine après l’élection du nouveau président américain, une incongruité inquiétante : comment un candidat qui a proféré tant de contre-vérités a-t-il pu être plébiscité par 60,8 millions d’électeurs américains ?
Depuis le vote des Britanniques en faveur du Brexit, plusieurs observateurs le répètent : nous sommes entrés dans l’ère de la "post-vérité", élu mot de l’année par le dictionnaire Oxford.
Les faits n’importent plus. Les rumeurs, mensonges ou l’émotion s’imposent désormais dans l’opinion publique en étant répétés indéfiniment.
Cela est notamment rendu possible par l’impact des réseaux sociaux. Aux Etats-Unis, Facebook est la première source d’information de six adultes sur dix. Or la plate-forme, comme Twitter, met sur un même pied tous les messages, quelle que soit leur authenticité. Leurs responsables se sont jusqu’ici dédouanés en affirmant ne pas devoir s’ériger en "arbitres de la vérité".
Mais ils prétendent devenir des acteurs de l’information et de la "digicraty" - la démocratie numérique. Ils devraient dès lors endosser les mêmes responsabilités que les médias traditionnels : favoriser le pluralisme, imposer la vérification des sources à ceux qui publient sur leur fil d’information, refuser la diffamation et les discours de haine.
En Europe comme Etats-Unis, de plus en plus de voix, citoyennes, médiatiques et politiques, s’élèvent en ce sens. La sociosphère ferait preuve de responsabilité et de maturité citoyennes en les écoutant.