Edito: se libérer d’un cancer, et après?
Publié le 05-06-2018 à 06h52 - Mis à jour le 05-06-2018 à 09h50
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Un édito de Dorian de Meeûs.
Dans la lutte contre le cancer, les progrès réalisés en chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie, thérapies ciblées et immunothérapies ont permis de sauver 85 000 vies supplémentaires en Belgique entre 1990 et 2014. Mais malgré l’expertise de nos scientifiques, environ 27.000 personnes meurent encore chaque année de ce mal. Les patients guéris ou en rémission sont heureusement de plus en plus nombreux.
Attardons-nous sur les 350.000 personnes qui ont survécu à leur cancer ces 10 dernières années. Lorsque la vie l’emporte sur la maladie, c’est une joie immense qui les submerge. Quand une rémission complète est - enfin - annoncée après des années de traitements et d’angoisses, le patient enlace le médecin et quitte l’hôpital l’esprit plus léger. Du moins, on imagine la scène ainsi. La réalité de l’après-cancer est parfois moins joyeuse.
Après une telle annonce, s’ensuivent souvent un grand vide et une fatigue inimaginable. Un contrecoup. Repassée du côté des vivants, la personne guérie peut paradoxalement sombrer en dépression. Un état mental difficilement compréhensible pour l’entourage familial ou professionnel qui pensait le cauchemar terminé. Le retour à la normale et la réinsertion sont compliqués à appréhender. Les cicatrices, la souffrance, la solitude, l’angoisse… sont passées par là. Les épreuves changent les femmes et les hommes qui les traversent.
Ces anciens malades ne veulent plus survivre, mais simplement revivre. Mais qui aide aujourd’hui ces personnes en rémission à affronter le chômage, la dépression ou même des difficultés dans leur couple ? Et pourtant, en accompagnant mieux leur guérison, on ne leur rendrait pas seulement service à eux, mais aussi à leur entourage. Conscients de leur propre fin, ces personnes ont développé des atouts non négligeables, souvent insoupçonnés. Saluons les initiatives de plus en plus nombreuses qui prennent en considération cette problématique. Car face à l’augmentation du nombre de cancers et de guérisons, l’accompagnement de l’après-cancer se révèle être un enjeu incontournable.