Edito: Trump au pied du mur à Hanoï

Donald Trump rencontre pour la deuxième fois, ces mercredi et jeudi, Kim Jong-un. De ce nouveau sommet, organisé à Hanoï, on peut dire ce qu’on disait déjà du premier, qui s’était tenu à Singapour le 12 juin 2018 : il a le mérite d’exister. Le monde préfère assurément voir le président américain et le numéro un nord-coréen se parler, plutôt que les entendre lancer des invectives et se menacer mutuellement de destruction totale.

Cependant, si l’on pouvait placer la barre très bas l’an dernier, précisément parce que la rencontre était alors une fin en soi, il n’en va plus de même aujourd’hui. Sous peine de limiter le sommet à un show médiatique (ce qu’il est aussi inévitablement avec deux acteurs pareils), il importe que le face-à-face produise des résultats. Or, de l’aveu même de Donald Trump, les chances sont minces.

S’il en est ainsi, c’est en grande partie la faute du président américain qui, en souhaitant à tout prix un nouveau sommet, a, de l’avis des experts, réduit sa marge de négociation. C’est d’autant plus fâcheux que les Nord-Coréens ne sont sans doute pas exagérément désireux de renoncer à leur arsenal nucléaire en échange d’un accord dont Donald Trump a suffisamment montré - dans le cas de l’Iran - qu’il ne valait pas toujours beaucoup plus que le papier sur lequel il était couché.

On peut par ailleurs suspecter le Président d’être déjà dans une logique électorale (puisqu’il envisage un second mandat) : en arguant de l’absence de tout nouvel essai nucléaire ou tir de missile, il peut proclamer que sa politique coréenne est couronnée de succès, sans éprouver le besoin d’obtenir davantage de Kim Jong-un.

Pour garantir ce maigre bilan, Donald Trump n’hésite pas à couvrir le dictateur nord-coréen d’éloges, en passant sous silence le caractère ignoble de son régime. Cerise sur le gâteau, c’est le Vietnam, pays qui viole lui aussi allègrement les droits humains, qu’il a choisi pour servir de décor.