Edito: l’IVG mérite un vrai débat sans caricatures
Un édito de Francis Van de Woestyne.
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- Publié le 28-11-2019 à 06h30
- Mis à jour le 28-11-2019 à 06h43
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Un édito de Francis Van de Woestyne.
L’interruption volontaire de grossesse est toujours un échec. Aucune femme n’y recourt sans souffrance. Les femmes qui sont amenées à renoncer à une grossesse, à fonder ou à agrandir une famille, sont dans un état de détresse tel qu’elles préfèrent ne pas vivre le bonheur d’une maternité. Lorsqu’elles prennent cette décision, les femmes ne sont pas coupables : elles sont victimes d’un parcours, d’une société qui ne leur permettent pas d’accueillir un enfant.
La Belgique dispose d’une législation qui dépénalise l’avortement pour autant qu’il soit pratiqué endéans les 12 semaines de grossesse. À présent, une majorité se dégage au Parlement pour allonger ce délai et supprimer toute poursuite jusqu’à 18 semaines. Les partisans du texte soutiennent qu’une consultation de spécialistes de plusieurs disciplines est à la base de ce texte de loi qui permettra aux femmes de subir une IVG en toute légalité jusqu’à 18 semaines.
Il est cependant regrettable que cette proposition, qui ne concerne en réalité que très peu de cas, n’ait pas fait l’objet d’un très large débat entre parlementaires issus des dernières élections qui aurait permis, peut-être, de mieux cerner les enjeux éthiques, philosophiques, chirurgicaux de cette proposition. Aujourd’hui, le discours dominant impose l’idée que l’avortement est une intervention médicale ordinaire et que tout qui s’oppose à l’allongement du délai est, nécessairement, un conservateur, peu soucieux de l’intérêt des femmes. Ce serait une erreur de le croire.
Car il ne s’agit pas, en l’occurrence, d’un simple débat entre le monde laïc et les catholiques. La société est ici face à un débat de civilisation qui touche à la définition même de l’être en devenir. L’argument avancé par les tenants de cette proposition, soulignant qu’en Grande-Bretagne le délai est de 24 semaines, est partial. Plus de la moitié des pays européens ont fixé la limite à 12 semaines. Dans les centres prénataux, en Belgique et ailleurs, on sauve les prématurés de plus de 24 semaines... Cette question mérite un vrai débat de fond, sans caricatures, de part et d’autre.