Edito: les nouveaux censeurs
Un édito de Francis Van de Woestyne. L’Union syndicale étudiante (USE) (la section universitaire des Jeunes FGTB) et le Cercle féministe de l’ULB ont vivement protesté contre la tenue, jeudi soir, d’une conférence organisée par l’ULB et le Centre d’action laïque, consacrée à la liberté d’expression. Ce débat, intitulé " Charlie Hebdo : cinq ans après, la liberté d’expression, c’est fini ?" réunissait Gérard Biard, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo, et Marika Bret, la directrice de publication du magazine. Cette protestation révèle l’insupportable voile de censure que tente de jeter sur l’université une bande d’étudiants radicaux.
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Publié le 14-02-2020 à 06h48 - Mis à jour le 18-02-2020 à 16h54
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Un édito de Francis Van de Woestyne.
L’Union syndicale étudiante (USE) (la section universitaire des Jeunes FGTB) et le Cercle féministe de l’ULB ont vivement protesté contre la tenue, jeudi soir, d’une conférence organisée par l’ULB et le Centre d’action laïque, consacrée à la liberté d’expression. Ce débat, intitulé "Charlie Hebdo : cinq ans après, la liberté d’expression, c’est fini ?" réunissait Gérard Biard, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo, et Marika Bret, la directrice de publication du magazine. Cette protestation révèle l’insupportable voile de censure que tente de jeter sur l’université une bande d’étudiants radicaux.
Évitons d’emblée toute généralisation. Ce ne sont pas "les" étudiants de l’ULB qui voudraient enfermer les débats académiques dans le petit territoire exigu de leur pensée. Mais deux groupuscules. L’ULB est et reste une institution indépendante qui a toujours mis à l’avant-plan les valeurs universelles, celles des Lumières, et qui combat le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. Mais l’ULB est régulièrement confrontée à certains groupes qui tentent curieusement d’utiliser la liberté de parole que garantit leur université pour empêcher les autres de s’exprimer. En 2012 déjà, Caroline Fourest, journaliste, essayiste, en avait fait les frais.
Que reprochent les agités aux invités ? D’avoir déclaré que la censure était auparavant le fait de l’État ou d’institutions, alors qu’aujourd’hui, elle provient de personnes qui refusent tout débat. Et d’appartenir à Charlie Hebdo, un magazine qui "a rejoint depuis longtemps les rangs des réactionnaires de tout poil". Mais la protestation des étudiants est l’exacte illustration de la tendance à la censure que les deux orateurs venaient précisément dénoncer. La vérité a donc blessé les nouveaux censeurs.
Il est inquiétant de penser que dans une Université libre, des étudiants, qui devraient militer pour la liberté de débat, tentent au contraire d’entraver la parole libre.
Plus que jamais, il faut dénoncer et combattre ce retour à l’obscurantisme teinté de communautarisme.