Edito : Du bon usage de la science en politique
Rarement dans l’histoire de l’humanité, la décision politique n’aura été autant tributaire de l’expertise scientifique que durant la crise sanitaire du Covid.
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Publié le 23-06-2020 à 06h29 - Mis à jour le 23-06-2020 à 23h11
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Rarement dans l’histoire de l’humanité, la décision politique n’aura été autant tributaire de l’expertise scientifique que durant la crise sanitaire du Covid. Les gouvernements auraient été bien en peine de mener seuls la lutte contre la propagation du virus. Les experts leur ont non seulement indiqué la marche à suivre pour contrer la pandémie, ils ont également donné à leur décision ce surcroît de légitimité qui leur fait aujourd’hui cruellement défaut.
La séquence qui se joue nous apprend cependant que le dialogue entre les scientifiques et les décideurs politiques ne peut pas être organisé n’importe comment. Il faut d’abord que la liberté scientifique des experts soit garantie. Les frictions qui sont apparues entre les membres du comité chargé de définir la stratégie du déconfinement et les dirigeants politiques donnent à cet égard des signes rassurants sur l’indépendance des uns par rapport aux autres. Mais en Belgique il n’est pas rare que l’expert soit choisi moins pour sa légitimité scientifique que pour sa proximité idéologique avec celui qui le prend comme conseiller.
Il faut aussi que ce dialogue soit mené dans la plus grande transparence. Le citoyen est en droit de savoir quel expert a conseillé le décideur politique et ce qu’il lui a suggéré de faire. Cette transparence est nécessaire - mais pas toujours suffisante - pour tenir la décision politique à l’abri de l’action souterraine des lobbys. Il est ainsi regrettable que les avis du GEES aient reçu trop tardivement la publicité qu’ils méritaient.
Ce dialogue, enfin, ne peut servir de prétexte à l’homme politique pour se défausser sur l’expert. Le scientifique n’a de compte à rendre qu’à ses pairs. Il ne pourra se résoudre à faire un compromis entre son propre savoir et des intérêts parfois terriblement contraires. L’élu doit donc garder la main sur la décision finale.
La leçon doit être apprise rapidement. Car le recours à la science ira croissant dans la bonne gestion d’un monde toujours plus dépendant de la technologie.