Edito: Une démocratie en souffrance
Un édito de Vincent Slits
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Publié le 13-07-2020 à 06h41
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Très discrète ces dernières semaines, la N-VA s’est replacée ce week-end au cœur de l’arène politique. Son président, Bart De Wever, a en effet laissé entendre que l’extension de la loi sur l’avortement, qu’il juge "scandaleuse", constituerait un point de rupture dans la perspective de la formation d’un prochain gouvernement de plein exercice au fédéral. Le parti nationaliste flamand s’aligne ainsi sur la position du CD&V. Ce débat éthique, complexe et ultrasensible, risque bien de s’enflammer, à nouveau, dès cette semaine sur les bancs de la Chambre. Au-delà des convictions intimes et personnelles de chacun, la démocratie - et c’est tout son sens - doit permettre à une majorité, si elle existe, de pouvoir voter des lois. Le Parlement ne peut être bafoué, instrumentalisé, contourné. Mais cette crise dans la crise illustre aussi le clivage nord-sud sur les questions éthiques et la difficulté de pouvoir encore trouver dans ce pays des voies de compromis entre communautés et de compréhension mutuelle entre les présidents de partis. L’avenir du pays en dépend pourtant. De même que la "reconnexion" du citoyen à ses élus. Car les Belges, qui oscillent aujourd’hui entre consternation, lassitude et ras-le-bol, attendent avant tout trois choses de leurs responsables politiques. Un : une gestion cohérente et efficace de la crise sanitaire. Force est de constater que l’improvisation a trop souvent été de mise ces dernières semaines. Deux : un plan de relance, concerté entre le fédéral et les entités fédérées, à la hauteur du choc économique. Il est toujours au point mort alors que la facture sociale s’alourdit chaque jour au gré des restructurations et des faillites. Trois : un sens de la responsabilité politique et de l’intérêt général de nature à créer enfin les conditions de la formation d’un nouveau gouvernement. Au lieu de cela, nous avons eu droit ces dernières semaines à la rocambolesque saga des "rois mages", à des claquements de portes et à des petites querelles d’ego. Bref, un mauvais théâtre de boulevard.
Paralysée par la particratie et les limites d’une lasagne institutionnelle devenue totalement indigeste, la démocratie belge, à défaut de se réinventer, souffre en silence. Un sursaut s’impose. Maintenant. Car de nouvelles élections ne feraient que renforcer le fossé, déjà béant, entre les citoyens et le monde politique. Au risque d’atteindre cette fois un point de non-retour…