Edito: l’énergie nucléaire, une parenthèse loin d’être refermée
Un édito de Xavier Ducarme.
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Publié le 11-03-2021 à 06h49 - Mis à jour le 11-03-2021 à 11h48
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Il y a dix ans, le 11 mars 2011, un puissant séisme au large des côtes japonaises, suivi par un tsunami, provoquait ce qui reste, à ce jour, la plus désastreuse catastrophe nucléaire de l’Histoire avec celle, tout aussi sinistre, de Tchernobyl, 25 ans auparavant, dans une Ukraine encore soviétique.
Le choc et la sidération provoqués par cet accident aux conséquences planétaires, ajoutés à la démonstration que l’effondrement d’une centrale nucléaire pouvait également se produire dans un pays parmi les plus avancés, laissaient alors croire à la mort imminente de l’industrie de l’atome.
Aujourd’hui, dix ans plus tard, on est loin du compte. Le monde est à mille lieues d’avoir tourné le dos à la fission nucléaire.
Certes, la Belgique, après des années d’hésitation, semble désormais être déterminée à en sortir une bonne fois pour toutes. L’Allemagne devrait déconnecter définitivement ses derniers réacteurs en 2022. Mais ces mouvements restent marginaux, des trompe-l’œil à la mesure de la marche du monde. Il reste près de 450 réacteurs en activité répartis sur tous les continents de la planète alors qu’une soixantaine d’autres sont actuellement en construction, en Chine, en Inde, en Corée, en Turquie, au Bangladesh et bien ailleurs, jusqu’aux Émirats arabes unis, pourtant assis sur des milliards de barils de pétrole brut.
Ces pays, surtout asiatiques et souvent en soif de développement, avides d’atteindre le train de vie des plus grands, sont séduits par la capacité de cette industrie à produire des millions de gigawatts/heure sans ajouter de CO2 dans l’atmosphère, démontrant par là même combien la lutte contre le réchauffement climatique est devenue ces dernières décennies l’alliée objective et providentielle des partisans du nucléaire.
Pourtant, aussi performante et ingénieuse soit-elle, la filière n’a jamais réussi, malgré 70 ans de recherches, à surmonter ses défauts majeurs : le risque de fuite radioactive aux conséquences indomptables et la gestion des déchets, dont la dangerosité des radiations se prolonge durant des millénaires.
Trente-cinq ans après Tchernobyl, dix ans après Fukushima, c’est un fait difficile à contester : nous sommes loin d’en avoir fini avec l’industrie de l’atome. En l’état, la communauté internationale n’a d’autre choix que d’en prendre acte et d’œuvrer, sans jamais lever la garde, à toujours plus de sécurité. Sans perdre l’espoir d’un jour réussir à tourner irrévocablement la page de ce que les futures générations considéreront alors comme une singulière parenthèse de l’Histoire.