Edito: Éric Zemmour ou l’appétit du condamné
Un édito de Dorian de Meeûs.
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Publié le 30-06-2021 à 20h02 - Mis à jour le 01-07-2021 à 06h37
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Les éditions Albin Michel ne publieront pas le prochain livre d’Éric Zemmour, malgré les 500 000 exemplaires vendus de son essai Le Suicide français . "Éric Zemmour m’a récemment confirmé son intention de s’engager dans la présidentielle et de faire de son prochain livre un élément clé de sa candidature", lâche le président de la maison d’édition, Gilles Haéri. Faux ! dénonce l’auteur, qui évoque une "conversation inventée". Parole contre parole donc, même si l’agenda du journaliste-chroniqueur ne laisse guère planer de doutes sur ses intentions.
Zemmour semble intenable et se déplace beaucoup : visite de la maison natale du général de Gaulle, échanges avec des commerçants de Dunkerque, promenade avec une association anti-éoliennes… Il serait aussi activement à la recherche d’un directeur de campagne. Au-delà de ses théories connues et de ses livres à succès, parviendra-t-il à se constituer une équipe, à toucher la France profonde, à confirmer ses potentialités politiques et à mobiliser un électorat de droite radicale et d’extrême droite déjà conquis par Marine Le Pen (RN) ? L’échec du RN aux régionales a donné des ailes à Zemmour et à ses partisans. Des affiches "Zemmour président" fleurissent déjà dans plusieurs villes de France. Ses multiples condamnations pour provocation à la haine raciale, ainsi que les différentes accusations d’agressions sexuelles, ne semblent pas faire trembler le politique qui sommeille en lui.
Une telle candidature, que d’aucuns placent déjà "à la droite de Marine Le Pen", représente une arme à double tranchant. Une extrême droite divisée franchira moins facilement le premier tour, d’autant que le scrutin de dimanche dernier ne présage pas un élargissement de ce socle électoral. Les deux devront donc se partager la même part du gâteau. Tout bon pour la droite traditionnelle ? Sur papier, oui. Mais, sur le terrain, cela reste à prouver tant le débat politique risque d’être phagocyté par ce duel et par leurs thèmes de prédilection (sécurité, immigration, intégration). Face aux excès et outrances populistes, les discours pragmatiques et rassembleurs auront du mal à émerger dans la campagne. De quoi rendre un Xavier Bertrand, une Valérie Pécresse ou un Michel Barnier inaudible ? Le risque est réel.