Edito : En Biélorussie, l’escalade sans fin
Un édito de Sabine Verhest.
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Publié le 08-08-2021 à 19h14 - Mis à jour le 09-08-2021 à 06h33
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Les événements, mis bout à bout, donnent le vertige. Si l’on se retourne sur l’année écoulée depuis la réélection frauduleuse d’Alexandre Loukachenko le 9 août 2020 en Biélorussie, on y voit d’abord un élan démocratique, réjouissant, créatif et porteur d’espoir, et puis un déchaînement de violences, une escalade insensée dont on se désespère de voir la fin.
Les Biélorusses ont vécu les tortures physiques et psychologiques, les abus de pouvoir, les arrestations (d’opposants, de journalistes indépendants, de défenseurs des droits de l’homme, de chercheurs, de manifestants pacifiques), la purge d’une société civile vibrante et solidaire malgré un régime autoritaire, l’exil forcé de nombre d’entre eux. Européens et Biélorusses ont assisté, médusés, au détournement vers Minsk d’un avion de ligne reliant deux capitales de l’Union pour en extraire un journaliste, aux menaces encourues par une athlète olympique aux JO de Tokyo, à la mort d’un militant dont on ne sait encore s’il s’est ou a été pendu en Ukraine, à l’organisation d’un véritable trafic de migrants vers la Lituanie.
Fort du soutien politique, diplomatique et financier de la Russie (dont il payera forcément la note un jour), le dictateur biélorusse, gorgé d’un désir de vengeance, écrase son peuple et brise des vies, sans état d’âme. Alexandre Loukachenko règne aujourd’hui sur un pays triste, sans forces vives ni avenir. Il ne répond à aucun des griefs de la population, ne se maintient au pouvoir qu’assis aux commandes d’un rouleau compresseur qui tourne fou - même ses partisans ne sont plus à l’abri. L’Union européenne, qui s’est montrée trop lente et trop timorée dans sa réaction l’an dernier, doit maintenir la pression, combler les lacunes de son régime de sanctions et tout mettre en œuvre pour les transformer en armes de négociation.
Loukachenko doit savoir que l’escalade sans fin de la répression constitue aussi une menace sérieuse pour un régime fragilisé qui, se coupant de sa population, a perdu l’assise qu’il pouvait encore avoir il y a un an. Les opposants veulent dès lors croire à son effondrement. C’est tout ce qu’on leur souhaite pour qu’enfin les Biélorusses puissent décider de leur avenir en toute liberté.