Edito : Les leçons du 13 Novembre
Un édito de Christophe Lamfalussy.
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Publié le 15-09-2021 à 06h39
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Un petit air de belgium bashing flotte à Paris depuis le début du procès des attentats du 13 novembre 2015. Le Monde puis France 2 ont éventé un rapport, classifié mais daté, sur les ratés de la police belge. Le président de la cour d'assises spéciale n'hésite pas à parler de la "cellule belge" qui a frappé à Paris, faisant du coup l'impasse sur le trio français qui a assassiné 90 personnes au Bataclan.
Il y a du vrai dans tout cela. La commission d’enquête parlementaire belge a souligné l’insouciance de notre pays face à la menace de l’islam radical et des manquements des autorités belges. Malgré ce travail parlementaire, des zones d’ombre subsistent, notamment sur l’incroyable liberté octroyée en 2012 à Oussama Atar, alors qu’il revenait, chauffé à blanc, de son séjour dans les camps américains en Irak.
De son côté, la juge d’instruction belge Isabelle Panou, qui témoignait mardi à Paris, rejoint la justice française sur le rôle central joué dans la planification des attentats par cinq individus. Tous étaient belgo-marocains et sous les ordres d’Atar à Raqqa. Quatre d’entre eux sont nés à Bruxelles, "leur" ville, qu’ils ont à son tour frappée le 22 mars 2016. Il y avait donc bien une cellule belge fondée sur des liens de quartier, de famille ou d’école.
La Belgique n’a pas encore tiré toutes les leçons de cette affaire. Elle brille notamment par une absence de transparence qui commence à peser lourd. Le caractère classifié de certaines informations est-il un paravent de l’incompétence ou répond-il à un besoin de sécurité nationale ?
Mais, pour sa part, la France devrait se souvenir qu’à Paris aussi, il y a eu des ratés : échec du renseignement extérieur, lourdeur du processus de décision quant à l’intervention au Bataclan, impuissance de huit soldats de l’opération Sentinelle aux alentours de la salle de concert… Tous les pays européens ont été logés à la même enseigne et des progrès ont été accomplis depuis 2015 tant à Bruxelles qu’à Paris.