Singapour a de quoi nous interpeller
Un édito de Philippe Paquet.
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Publié le 07-10-2021 à 06h48
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Les nouvelles qui nous parviennent de Singapour ne sont pas très réjouissantes. Mardi, on apprenait le vote d'une loi renforçant de façon draconienne le contrôle sur l'Internet et les réseaux sociaux pour empêcher " les ingérences étrangères ". Mercredi, on découvrait la mise en service de robots patrouilleurs destinés à mieux réprimer " les comportements indésirables".
La Cité-État de six millions d’habitants a toujours eu l’ambition d’être une république modèle, à la pointe de la technologie et de l’efficacité, mais aussi exemplaire dans son organisation économique et sociale, quitte à rogner sur les libertés individuelles au nom de l’intérêt collectif. Mâcher un chewing-gum y est ainsi devenu aussi condamnable que fumer là où c’est interdit, ou qu’enfreindre les règles sanitaires en ces temps de Covid.
Sachant que le Parti d’action populaire (PAP) monopolise le pouvoir depuis l’indépendance en 1965 (avec seulement trois Premiers ministres en 56 ans !) et que toute opposition politique est marginalisée, on comprend que Singapour est aussi une sorte de dictature tranquille et bienveillante (en un autre siècle, on aurait parlé de despotisme éclairé) qui a réussi à ne pas causer beaucoup d’émoi chez les défenseurs des droits humains.
Singapour illustre pourtant un phénomène qui, en s’emparant de grands pays comme la Chine et la Russie, nous inquiète davantage : l’expansion de l’autoritarisme aux dépens de la démocratie. Curieusement, toutefois, alors que nous vivons dans une époque où l’opinion remet tout en question (la consommation et la mobilité, les choix énergétiques et les rapports homme-femme, etc.), les relations que nos gouvernements continuent d’entretenir, comme si de rien n’était, avec des régimes peu ou pas fréquentables ne suscitent, elles, guère le débat. Mais dès lors qu’un Belge sur trois, à en croire un certain sondage, estime que nous serions mieux lotis dans les mains d’un dictateur…