Oubliez le bilan, place aux promesses
Un édito de Dorian de Meeûs.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/a73d4771-d2aa-4518-8706-a13ac92d5b4c.png)
Publié le 16-10-2021 à 08h31
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/AZQGFATJZBGEZEFBQSDSGFE7VE.jpg)
Emmanuel Macron multiplie les apparitions dont la scénographie rappelle ses meetings de 2017. Toute sortie s’accompagne d’annonces, souvent coûteuses : 2 milliards pour la rénovation des bâtiments, 1,5 milliard pour Marseille, 600 millions pour les policiers, une hausse de salaires pour les indépendants et les sages-femmes… Et pour créer les "champions de demain", le Président dégage même 30 milliards d’euros pour relancer le nucléaire, développer l’hydrogène, redynamiser l’industrie, faciliter l’innovation, contrer la concurrence chinoise et réduire la pollution. Tout un programme !
De la poudre aux yeux ? La ficelle semble en tout cas un peu grosse. Une réélection ne s’enregistre pas sur un bilan, mais sur des promesses. Alors, Macron sort l’artillerie lourde. Il n’est pas assuré de l’emporter : son parti s’avère incapable de s’implanter localement et lui n’est plus incontesté dans son camp. La création du parti d’Édouard Philippe le démontre clairement. L’ancien Premier ministre ne propose pas de soutenir Macron, il évoque juste une "coalition", sans plus, et avec ses priorités à lui. Ce parfum de cohabitation intrigue et déstabilise.
Reconnaissons toutefois que le Président a le mérite de proposer une vision à long terme alors que l’échiquier politique français semble fissuré de partout. La gauche a plongé dans un vide sidéral. À l’extrême opposé, Éric Zemmour siphonne chaque jour un peu plus l’électorat de Marine Le Pen. Et, à droite, on se cherche, on s’observe et on se rapproche, enfin. L’actuelle guerre d’ego peut encore faire émerger un(e) candidat(e) crédible pouvant compter sur une base électorale solide, sur un réseau et sur 8 millions d’euros provisionnés par le parti LR. Il est clair aujourd’hui qu’aucun candidat de droite ne peut espérer entrer à l’Élysée sans le soutien de l’appareil du parti. Les prétendants devront aussi barrer la route de la tornade Zemmour afin de limiter ses ravages. Avec intelligence et retenue.
Ce tableau à la Pollock reflète la puissance insoupçonnée des sondages : chaque sortie, chaque alliance, chaque trahison, chaque revirement semble dicté par les enquêtes d’opinion.