Un système fiscal pourri jusqu’à l’os

Un édito signé François Mathieu.

Un système fiscal pourri jusqu’à l’os
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L’un des plus gros chantiers de cette législature - la réforme de l’impôt des personnes physiques (IPP) - pouvait-il décemment se concevoir dans un premier temps à l’abri des regards, par un groupe d’experts dont la composition tenait du secret d’État ? Non. Trois fois non. Parce que, si la déclaration gouvernementale est claire sur les grandes lignes, elle ouvre tous les champs des possibles pour y arriver. Avoir un regard sur l’état des lieux de ce groupe de travail relève de la transparence dans notre démocratie. Huit mois de travail intense des experts, ça laisse forcément des traces sur les orientations à prendre pour baisser les charges sur le travail (l’objectif principal) et surtout sur la manière de financer cette (nécessaire) réorientation sur laquelle les partenaires de la majorité se sont entendus. Rendre compte des résultats des travaux à ce stade nous semble plutôt sain.

Alors, oui, les tabous (taxation des loyers réels, des plus-values sur actions…) que les experts mandatés par le ministre des Finances proposent de lever sont "un musée des horreurs" pour certains partis. Vincent Van Peteghem répète cependant à l’envi qu’il faudra mener une réflexion sans tabou avec cette réforme. On peut le lui reprocher, mais une chose est certaine : si les charges sur le travail sont abaissées de manière substantielle, il faudra bien compenser cette dépense. Nos finances publiques ne peuvent pas se permettre une telle réforme sans financement alternatif. Or, notre système fiscal regorge d’anomalies et de niches fiscales, qui ont éclos précisément parce que la pression fiscale sur les revenus du travail était trop importante. Il est logique que les experts s’y attellent. Mais, dans tout ce débat, on oublie deux choses fondamentales : la déclaration gouvernementale énonce que la réforme fiscale ne pourra pas nuire à l’esprit d’entreprise. Et elle doit être porteuse de justice fiscale. Ces deux variables de l’équation (complexe) que le ministre des Finances va devoir résoudre nécessiteront forcément de briser quelques tabous, mais sans casser l’entreprenariat et la classe moyenne. C’est une évidence. Notre système fiscal est pourri jusqu’à l’os. Sur ce dossier, la Vivaldi ne peut donc pas se louper : elle doit faire atterrir cette réforme fiscale, quitte à ce que cela se fasse dans la douleur.

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