Que le meilleur perde
Un édito de Francis Van de Woestyne.
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Publié le 10-12-2021 à 06h33
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La gauche française est en panne sèche. Elle manque d’idées, de projets, d’hommes et de femmes pour incarner une vision.
Décembre 2019. Il y a deux ans, la droite française - tiraillée entre un président qui se droitisait et une extrême droite qui tentait de se recentrer - voyait ses ambitions électorales se réduire comme peau de chagrin. Dans le livre La Malédiction de la droite, Guillaume Tabard, éditorialiste au Figaro, tranchait : "Il n'est pas exagéré de dire que la droite est, pour la première fois de son histoire, en danger de mort", elle qui avait déjà fourni cinq des huit présidents de la Ve République. Aujourd'hui, grâce à une primaire bien maîtrisée, la droite plane et pourrait faire de sa candidate, Valérie Pécresse, la première présidente française.
Décembre 2021. C’est la gauche qui est en état de mort apparente : les sondages accordent 25 % maximum pour toute la gauche. Prudence, rien n’est joué. Mais on voit mal comment, en plein naufrage, elle pourrait se hisser au deuxième tour. Pourquoi ?
Elle est en panne de projets. Aphone sur les grands enjeux de société. Muette sur une série de débats. Si Zemmour a réussi à imposer ses thèmes, la sécurité et l'immigration, c'est notamment parce que la gauche a perdu sa boussole et n'a pas réussi à imposer ses enjeux ; la solidarité, l'écologie, le pouvoir d'achat, les services publics. C'est aussi parce qu'un sentiment de perte d'autorité, à tous les échelons, domine chez nos voisins.
La gauche est aussi privée de personnalités capables d’incarner un programme ambitieux, comme chez les sociaux-démocrates allemands, par exemple. Et ce n’est pas le pathétique appel à l’union de la gauche, lancé par la maire PS de Paris, Anne Hidalgo, qui pourrait ressusciter cette gauche. La manœuvre est peut-être destinée à la sauver, elle, promise à un score médiocre. Mais cette union est mort-née. Anne Hidalgo s’est fait renvoyer sur ses roses déjà fanées. Par les Verts qui polluent leur écologie par du communautarisme. Par Mélenchon qui ne pense qu’à Mélenchon, lui dont la belle référence est le Vénézuela, quitté par 5 millions de ses habitants, alors que ses réserves pétrolières dépassent celles de l’Arabie saoudite.
À gauche, désormais, la consigne est claire : que le meilleur perde.