Sinistre amnésie à Washington

Une banale journée de janvier ? Pareille agression contre le siège du Congrès - symbole par excellence de la démocratie américaine - était pourtant sans précédent depuis août 1814, quand les troupes britanniques incendièrent Washington lors de la Seconde Guerre d’indépendance. Qui plus est, ce n’est pas seulement le bâtiment, mais aussi les représentants de la nation qui se trouvèrent menacés.

Surtout, l’insurrection, qui fit sept morts et de nombreux blessés, qui choqua l’Amérique et stupéfia le monde, fut cautionnée, voire provoquée par le Président, celui-là même qui fit le serment de protéger les institutions. La cote de popularité de Donald Trump était logiquement tombée au plus bas au lendemain des violences, alors que l’indignation était générale.

Aujourd’hui, trois quarts des Républicains disent avoir de l’ex-Président une opinion favorable et l’emprise de Trump sur le parti paraît plus solide que jamais. À tel point que nul ne serait étonné de le voir se représenter en 2024. Et gagner.

S’il en est ainsi, c’est largement parce que les élus républicains (à deux exceptions près) ont refusé de participer, aux côtés de leurs collègues démocrates, à la commission d’enquête chargée d’établir les faits, de cerner les responsabilités et d’écrire l’Histoire. Il est aisé de deviner pourquoi. Les Républicains n’ont qu’une préoccupation : gagner les législatives de novembre et retrouver une majorité au Congrès pour paralyser Joe Biden. Quitte à se renier, à banaliser le 6 janvier 2021, voire à faire comme s’il ne s’était rien passé ce jour-là. Rien.