Le prix d’une bonne conscience écologique
Un édito de François Mathieu.
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Publié le 07-01-2022 à 06h31 - Mis à jour le 07-01-2022 à 07h07
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"Il faut inciter les voyageurs aériens à envisager d'utiliser des moyens de transport plus respectueux de l'environnement. À cet effet, une taxe d'embarquement est un instrument approprié."
Cette justification de la Vivaldi relative à la taxe sur les billets d'avion, sur laquelle, d'après nos informations, les partenaires de la majorité se sont entendus avant Noël, semble un peu légère et manquer à tout le moins d'honnêteté intellectuelle. Qui va sérieusement croire que les comportements vont se trouver modifiés avec une taxe de 2 à 10 euros par billet, et favoriser les alternatives telles que le train, quand on voit les différentiels de prix entre ces deux modes de transport ? La Vivaldi utilise cette taxe comme simple variable d'ajustement budgétaire et se paie une bonne conscience écologique au passage. Mais le problème du défi climatique, immense, appelle autre chose que ces comptes d'apothicaires.
On pourrait nous rétorquer que c'est au niveau européen que ça se joue. Ce n'est pas faux, puisque la Commission a annoncé qu'elle s'efforcerait de créer des conditions favorables pour que les transporteurs puissent offrir des choix neutres en carbone pour le transport collectif régulier sur des distances de moins de 500 km au sein de l'Union… d'ici à 2030. Et c'est bien là le problème : 2030, c'est loin.
En attendant, le transport aérien international reste exonéré d'accises sur le carburant et la TVA n'est pas non plus prélevée sur ce dernier. Ce n'est justifiable "ni par des raisons économiques ou sociales, et encore moins pour des raisons écologiques", avait très justement analysé le Conseil supérieur des Finances en juillet 2021. Ces privilèges faussent en effet la concurrence avec les autres modes de transport. C'est ce qui explique qu'un billet d'avion soit souvent 10 fois moins cher qu'un billet de train international. C'est là qu'il faut agir, et pas sur une taxe très modeste qui va juste servir à combler (un peu) nos trous dans le budget et nuire au principe même de la taxation environnementale, pourtant indispensable et vertueuse si elle est intelligemment calibrée et utilisée.