Tous perdants au match de Djokovic
Un édito de Nicolas Ghislain.
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Publié le 15-01-2022 à 07h10 - Mis à jour le 15-01-2022 à 08h14
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Quelle que soit l’issue de l’interminable "saga Djokovic" et de son visa pour l’Australie - accordé, annulé, réaccordé, re-refusé -, elle ne se clôturera de manière glorieuse pour aucun des intervenants impliqués.
Pour le premier intéressé, tout d’abord. Novak Djokovic sait, certes, depuis longtemps qu’il ne recevra jamais le même amour du public que Nadal ou Federer, malgré un palmarès exceptionnel qui pourrait faire de lui, cette année, le GOAT ("greatest of all times", plus grand joueur de tous les temps). Cela ne semble pas trop le perturber. Mais son image, déjà très clivante, sera sans doute marquée à jamais par ses "erreurs" et ses manœuvres apparemment frauduleuses pour participer à l’Australian Open. Lui, l’un des plus grands sportifs de la planète, avait plus que quiconque un devoir d’exemplarité. Il l’a foulé aux pieds, non seulement avec sa croisade anti-vaccination mais, surtout, en trichant avec les règles.
L’Association du tennis professionnel (ATP) et la direction du tournoi australien ne sortent pas davantage grandies de cette affaire. Restera la très désagréable impression que certains, profitant sans doute de règles d’accès au pays qui étaient fluctuantes, ont voulu accorder un passe-droit à un joueur pour des raisons bassement matérielles. Quelques mois après la WTA (Association des joueuses de tennis professionnelles) qui avait sanctionné durement la Chine dans l’affaire Peng Shuai malgré d’énormes enjeux financiers, le tennis masculin ne semble pas animé d’intentions aussi louables…
Le gouvernement australien, lui-même, pris à revers par la justice locale, n’échappe pas aux critiques. En laissant s’installer un flou sur les conditions d’accès à son territoire et par des justifications de ses décisions peu objectives, il a démontré - mais est-ce encore nécessaire ? - que la situation sanitaire actuelle exige des règles précises, communiquées de manière claire, transparente. Et en cela, les leçons de la saga de Melbourne ont malheureusement un caractère universel…